Film musical de Vincente Minnelli, avec Judy Garland, Margaret O’Brien, Mary Astor, Lucille Bremer, Tom Drake, Marjorie Main, Etats-Unis, 1944, 112 minutes
Saint-Louis. 1903, La famille Smith mène une vie bourgeoise, heureuse et paisible, jusqu’à ce que le père, qui vient de trouver une meilleure situation à New-York, décide d’y déménager. Mais les quatre filles, peu désireuses d’abandonner leurs amis et leurs soupirants, ne l’entendent pas de cette oreille…
Avec Meet Me in Saint Louis, Vincente Minnelli conjugue avec bonheur le film musical avec une comédie de mœurs à la tonalité presque réaliste. Nous sommes loin ici des habituelles atmosphères de fantaisie de plupart des musical movies de l’époque – cabaret somptueux, danseurs en tuxedo et haut-forme, stars de théâtre ou de cinéma, riches héritières, jeunes premiers romantiques, lieux imaginaires ou mythifiés. Le spectateur est en effet placé au cœur de la vie quotidienne d’une famille de la upper-middle class provinciale, avec son intérieur méticuleusement reconstitué, ses petits drames domestiques, ses fêtes entre amis, les préoccupations professionnelles du père et les émois amoureux des jeunes filles pressées de trouver un mari – les couleurs chatoyantes des décors et des costumes introduisant tout de même une petite pincée de féerie. Une atmosphère qui, tout en donnant une large part à la gaieté et à la joie de vivre, incorpore aussi des nuances plus dramatiques, comme les terreurs et les désespoirs enfantins de la fille cadette (merveilleusement interprétée par le petite Margaret O’Brien), pour laquelle la fête de Hallowen se transforme en un terrifiant cauchemar.
Corollaire de ce parti-pris de réalisme, les chansons interprétées dans le film semblent naturellement faire corps avec l’intrigue. C’est cas, par exemple, de Have Yourself a merry little Christmas – une chanson de Noël interprétée par Judy Garland pour sa petite sœur le jour du réveillon – ou Skip to My Lou – un quadrille plein de gaité dansé à l’occasion d’une « party » – par ailleurs l’un des seule scènes de danse de ce film essentiellement focalisé sur la musique. Parmi les autres thèmes inoubliables de cette œuvre cinématographique, citons le romantique The Boy Next Door, l’entraînant Meet Me in Saint-Louis, ou encore The Trolley Song au sonortés de Rag-time.
Le film fut également l’occasion de la rencontre entre Vincente Minnelli et sa future épouse Judy Garland. Celle-ci déjà vedette de la MGM depuis plusieurs années lors de la réalisation du film, y incarne une jeune fille pleine d’esprit d’initiative et au caractère volcanique, capable d’administrer une bonne raclée à John, son prétendant un peu falot, après avoir, sans succès, tenté de se faire embrasser par lui quelques scènes auparavant.
Dépêchez-vous, si ce n’est déjà fait, de regarder ce film injustement oublié, qui, même s’il appartient à un genre aujourd’hui un peu passé de mode, n’en constitue pas moins un chef d’œuvre de la comédie musicale américaine de la grande époque.
Fabrice Hatem
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