Film musical de Vicente Minelli, Musique de Cole Porter, avec Judy Garland, Gene Kelly, Etats-Unis, 1948, 102 minutes.
L’intrigue se situe il y a quelques siècles de cela, dans une petite bourgade des Caraïbes. La jeune Manuela (Judy Garland) est sur le point de se marier avec un gros monsieur bedonnant, Don Pedro, le maire du village. Mais, dans ses rêves, elle est amoureuse du légendaire pirate Macoco. Pour gagner son cœur, Serafin (Gene Kelly), saltimbanque vedette d’un cirque de passage, lui fait croire qu’il est lui-même Macoco. Mais les apparences sont parfois trompeuses…
Cette joyeuse comédie au scénario échevelé est égayée par le charme fantasque de Judy Garland et par le large registre expressif de Gene Kelly, alliant romantisme, burlesque et parfum d’aventure. On y reconnaît également la pâte vivante, gaie et colorée du metteur en scène, Vincente Minnelli.
The Pirat vaut surtout par la dizaine de numéros musicaux et dansés qu’il nous offre, avec de nombreuses chansons composées par Cole Porter. Dans le ballet The Pirat Ballet, Gene Kelly parodie en une chorégraphie pleine d’humour les stéréotypes des films d’aventure de l’époque.
Quant à Manuela, femme romantique, mais de fort tempérament, elle exprime sur un ton presque halluciné son amour pour le pirate Macoco dans Love of My Life, puis berce tendrement Serafin, qu’elle vient d’assommer après voir découvert ses mensonges, en lui chantant You Can Do No Wrong.
Enfin, la célèbre chanson Be a clown, hymne comique à ce métier, est interprétée deux fois par Gene Kelly : au début avec les frères Nicols, deux artistes noirs – dans une scène qui fut d’ailleurs retirée du film avant sa projection dans certains Etats encore très racistes du Sud des Etats-Unis – et dans la scène finale, avec Judy Garland, signifiant ainsi le « happy end » de la rencontre amoureuse entre Manuela, devenue membre de la troupe de saltimbanque, et Serafin.
Mais les véritables histoires d’amour ne finissent hélas pas toujours bien. Le tournage du film fut marqué par les nombreuses disputes entre une Judy Garland instable, alors en cure de désintoxication, et son mari Vincente Minnelli, préfigurant leur divorce trois années plus tard. The Pirat fut également un échec commercial en dépit d’un succès d’estime auprès de la critique. Depuis lors un peu tombé dans l’oubli, ce film dégage néanmoins, malgré un scénario un peu décousu, une fraîcheur et une tonicité revigorantes que je vous engage à découvrir si ce n’est déjà fait.
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.
Fabrice Hatem