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Cinéma de Tango

L’acrobate

Fiction de Jean-Daniel Pollet, France, 1976, 97 minutes

ImageLéon, un garçon de bains timide et fauché, aux allures de Pierrot lunaire, est amoureux de Fumée, une gentille prostituée qui l’aime bien mais le trouve un peu terne pour jouer le rôle de l’amant en titre. Un jour, son copain Ramon, un vrai séducteur celui-là, l’emmène dans un cours de tango. Sa vie en sera transformée…

Dans ce film plein d’humour et de fantaisie, chacun des personnages exprime de manière à la fois décalée, cocasse et subtile les mille facettes du sentiment amoureux. Léon, personnage enfantin, poétique et vulnérable (Claude Melki) suscite la tendresse maternelle des femmes, mais peine à s’imposer à elles dans le rôle du mâle dominateur. Avec ses allures de Buster Keaton, il forme avec son pote Ramon, caricature de séducteur macho gominé (Guy Marchand), un tandem désassorti d’une grande drôlerie. Micheline Dax est irrésistible en femme mûre vivant à travers sa fille ses désirs érotiques inassouvis. La langoureuse Laurence Bru exprime avec finesse et légèreté les subtilités d’un cœur féminin tiraillé entre des aspirations contradictoires : tendresse, rêve, argent, amour, aventure…

C’est finalement le tango qui offrira une issue heureuse à tous nos personnages. Georges et Rosy, dont l’école de danse de salon était célèbre à Paris dans les années 1970, jouent tout au long du film le rôle de mentors bienveillants, formant Léon au tango de compétition et nous transmettant en héritage leur amour de la danse.

Mais de quel tango s’agit-il ? Pas du tango argentin tel que nous le connaissons aujourd’hui, dont Georges dit à un moment qu’il a disparu, mais du tango de compétition de style anglais. Le film prend alors involontairement le caractère d’un intéressant témoignage historiographique, en nous reportant à une époque – les années 1970 – immédiatement antérieure au grand retour du tango argentin. Cela nous vaut aussi de très agréables scènes de compétition où les danseurs en frac et les danseuses à robe bouffante interprètent un tango anglais stylisé et codifié devant des jurys sévères et solennels.

Un film optimiste, tendre et drôle, qui nous conte aussi une partie mal connue de l’histoire du tango à Paris.

Fabrice Hatem

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