Documentaire de Patricia Ferreira, Espagne, Pérou, 2011, 57 minutes
Gaie et entraînante, mais avec un imperceptible fond de tristesse, la musique afro-péruvienne de la côte pacifique rappelle à la fois la tonicité rythmique cubaine et la douceur rêveuse de la Bossa Nova brésilienne. Le documentaire Musica Afroperuana nous emmène à la découverte de cette musique syncrétique, issue de la rencontre d’influences hispanique, africaine et indienne. Nous sommes guidés par la chanteuse et compositrice Suzana Baca, devenue depuis … ministre de la culture de son pays. Celle-ci s’efforce depuis un demi-siècle de recueillir et de transmettre le riche héritage de la musique populaire péruvienne, un peu comme Violetta Parra le fit en son temps au Chili.
Nous visitons avec elle les lieux de son enfance, le quartier populaire la Vitoria de Lima, où l’on retrouve un peu de de l’atmosphère humaine et musicale de Santiago de Cuba. Nous assistons à une soirée à la Peña Don Porfirio, nommée ainsi en hommage à un grand musicien populaire du pays. Nous allons visiter, dans le nord du pays, la ville de Zaña, première capitale du Pérou espagnole, ruinée par un tremblement de terre, abandonnée par ses habitants d’origine espagnole et où s’est depuis lors concentré l’héritage de la musique africaine avec ses rythmes et ses calebasses. Nous nous rendons aussi à Trujillo, dans la région de La Libertad, berceau de l’une des principales danses folkloriques péruviennes, la Marinera : une parade de séduction où domine l’influence hispanique, mélange de Chacarera, de Zamba, de Boléro Mexicain, de Sévillanes, avec des couples en habit traditionnel aux déplacements fluides et aériens …
Avec sa voix poétique, son doux sourire et son beau regard, Suzana nous explique les origines de la culture populaire péruvienne. Elle nous présente d’autres artistes incarnant cette musique, comme le contrebassiste David Pinto, le chanteur Chebo Ballumbrosio, le percussionniste Rafael Santa Cruz, le chanteur-compositeur Javier Lazo ou le groupe PeruJazz, qui explore les voies d’une fusion avec d’autres genres musicaux. C’est l’occasion de très beaux moments d’écoute, sur des thèmes comme Zamba Malató, Toro Mata, Maria Lando, Negros del combos ou encore les rythmes de Panalivio. Les paroles évoquent la vie simple et difficile des gens du peuple, leur travail, leurs amours, leur faim – assouvie ou non -, leurs rêves modestes.
J’ai été très frappé par les similitudes existant entre les musiques populaire afro-péruviennes et cubaines (Son notamment) : même mélange de polyrythmies noires et de mélodies espagnoles ; même complexes instrumentaux associant cordes pincées (guitare, basse, contrebasse) et percussions (cajones, tumbadores, guiro……) ; même interpénétration entre musique et danse ; même dialogues chœur/soliste dans les parties chantés. Précipitez vous donc pour regarder ce documentaire de grande qualité, qui vous fait découvrir l’existence d’une petite sœur de la musique cubaine à des milliers de kilomètres de cette île aimée !!!
Fabrice Hatem
Pour visionner ce documentaire : https://www.rtve.es/alacarta/videos/todo-el-mundo-es-musica/todo-mundo-musica-peru-musica-afroperuana-tras-larga-noche/1082081/