L’oeuvre
Cette Timba-Salsa a été composée par Cesar « Pupy » Pedroso. Elle a été enregistrée en 1999 avec la voix de Mayito dans l’album Llego Van Van.
Son titre – et a fortiori son contenu – repose largement sur une jeu de mots sur les trois termes « Temba, Timba, Tumba ». Je me suis donc plongé dans l’étude de l’argot cubain pour essayer d’en comprendre le sens.
Le problème c’est qu’il n’y a pas qu’un seul sens possible à cette trilogie, mais plusieurs, de nature respectivement musicale, amoureuse et criminelle. C’est d’ailleurs ce qui fait aussi la saveur du texte.
Commençons par le sens musical, le plus évident. La Timba est, comme nous le savons tous, une forme de musique cubaine actuelle, dérivée du Son montuno. Le tumbao est un tambour initialement utilisé dans la Rumba et qui se retrouve également dans les formations de Salsa. Le terme « Temba » peut désigner une musique d’autrefois, par opposition, justement, à la Timba. En changeant de mari, les deux femmes de la chanson changent ainsi de style de musique et de danse, hésitant par exemple, comme le texte y fait d’ailleurs allusion, entre Rumba, Timba et danses traditionnelles.
Poursuivons par le sens érotico-amoureux. Le terme « temba » désigne une personne d’âge mûr, qui peut être recherché pour la sécurité matérielle qu’elle est susceptible de procurer à son compagnon où à sa compagne. Un timba est un homme plus jeune – littéralement celui qui a des « timbales », des couilles, et j’arrête là mon commentaire. La tumba est la tombe, et peut vouloir dire aussi « lâche-moi, laisse-moi tranquille ». Dans cette perspective, les femmes mettent en jeu des stratégies amoureuses différentes selon la nature de leurs attentes et de leurs sentiments vis-à-vis des partenaires de l’autre sexe : jeune amant fougueux, protecteur mûr, vieillard proche de la tombe..
Achevons enfin par le sens criminel. En argot, le tumba, c’est le voleur ; le timba, c’est celui qui a le courage d’enfreindre la loi ; « temba » désigne une personne d’âge mûr, plus rangée et/ou respectable. Selon cette approche, les femmes hésitent donc entre des compagnons entretenant des rapports différents avec la légalité et avec le crime. Cette explication est sans doute la plus fragile et la plus artificielle des trois.
Il est à mon avis vain de chercher à identifier la « bonne » explication de texte parmi les trois précédentes. Toute la saveur du texte tient au contraire dans sa polysémie des termes utilisée, et dans la manière dont leur signification peut vaciller au gré des humeurs et de l’imagination personnelle de l’auditeur. Et puis, on peut aussi considérer que le jeu des assonances se suffit à lui-même, en dehors de tout contenu sémantique. J’ai cependant une petite préférence pour l’explication musicale, la plus spontanément évidente, et d’ailleurs soulignée à deux ou trois reprises dans le texte : « Voila me ne fait signe la Temba de Tumba / Elle ne veut pas qu’on lui joue de Timba » ; « La petite amie de Temba, paraissait s’ennuyer (…) / Elle ne voulait plus danser la Rumba »
Mais enfin, à vous de choisir…
Pour consulter la suite de cet article (paroles en espagnol avec leur traduction en français, lien internet vers des interprétations de l’oeuvre, références diverses…), cliquez sur le lien suivant : Timba.
Bonne écoute et bonne lecture !!
Fabrice Hatem