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Carnet de voyage 2010 à Cuba

Xiomara Vidal, prêtresse de la Trova Santiaguera

Vendredi 17 septembre 2010, Santiago de Cuba

photositexiomara (Pour consulter le diaporama et la vidéo associés à cet article, cliquez sur les liens suivants : vidéo et diaporama)

Chère Mireille,

Lorsque que je pénétrais, ce vendredi 17 septembre, dans la grande salle du rez-de-chaussée de la Casa de la Trova, le concert de Xiomara Vidal avait déjà commencé. Un tout petit groupe de spectateurs – 4 ou 5 tout au plus – étaient alignés devant un nombre à peu égal de musiciens : deux guitaristes et un joueur de bongo, plus le présentateur-animateur qui faisait également, par moments, fonction de joueur de claves.

Dans tout autre spectacle, ce petit nombre aurait semblé tragiquement faible, et la salle, désespérément vide. Mais ici, le sentiment de communion autour de la musique ne s’en trouvait que renforcé, et le groupe soudé des interprètes et du public dégageait une énergie tonique et positive.

Cette force vitale, c’est d’abord dans la voix de la chanteuse qu’elle prenait sa source. Une voix qui, en fonction des œuvres, pouvait recouvrir un très large spectre de nuances, depuis l’intimisme romantique, parfois teinté de tristesse, de certains Boléros, jusqu’à d’éclatantes « descargas » de Son aux rythmes très entraînants. Depuis 30 ans, Xiomara Vidal interprète la Trova Santiaguera traditionnelle, ainsi que ses propres compositions.

Une Trova[1], c’est tout simplement … une chanson, accompagnée par une guitare, et, parfois, par un instrument de percussion comme le bongo. Elle peut être composée sur des rythmes de Son, de Boléros, de Guajiras, mais sa caractéristique essentielle tient à la prééminence de la poésie et de la voix qui l’interprète sur les instruments, cantonnés pour l’essentiel à une fonction d’accompagnement. Il existe plusieurs formes, ou plutôt plusieurs époques, de Trova : la Trova traditionnelle (fin du XIXème siècle- 1920 ?), la Trova intermédiaire (jusque vers 1960 ?), la nueva Trova (chansons des années 1970-1980, d’inspiration plus sociale et politique), et, dernière-née, la nuevissima Trova.

Xiomara Vidal, née à Santiago de Cuba en 1955, est un peu considérée ici par les afficionados comme une grande prêtresse de la Trova. Depuis qu’elle a débuté sa carrière, il a plus de 30 ans, au Cabildo Teatral de Santiago – un groupe artistique très connu ici – elle est toujours restée fidèle à ce style, participant à de nombreux spectacles et festivals, écrivant des musiques de films, ainsi que plus de 35 compositions personnelles.

Que sa parole et sa voix fassent autorité dans ce domaine, on n’en doute plus lorsque son interprétation de Lagrimas Negras vous entraînent dans un tourbillon rythmique qui va crescendo jusqu’au feu d’artifice final. Mais on est aussi séduit par sa manière directe, un peu péremptoire, de s’adresser à vous, yeux dans les yeux, avec son visage un peu boucané, pour vous présenter la chanson qu’elle va vous interpréter, complétant ainsi son tour de chant par plusieurs mini-conférence sur l’histoire de la chanson Santiaguera. De toute sa personne au physique râblé émane un sentiment de force vitale qui s’incarne aussi dans sa voix, puissante et tonique.

Soutenue par l’accompagnement discret mais efficace d’un guitariste et d’un joueur de bongo, elle nous propose ainsi un spectacle d’une très grande intensité musicale, mais également d’une haute valeur culturelle. Le public, composé d’initiés, amis et voisins, témoigne son enthousiasme à la façon cubaine, en frappant le rythme des claves, en reprenant les parties de chœur en réponse à la chanteuse, en interpellant les musiciens pour leur manifester leur approbation. Tout cela est chaleureux et entraînant, et l’on a vite fait de se saisir soi-même d’une paire de claves ou d’un bongo pour participer aussi à cette fête.

Mais je m’arrête ici pour te laisser découvrir, dans les vidéos jointes à cet article, cette artiste à la grande présence scénique, qui, à mon avis, aurait très bien pu connaître – comme beaucoup d’autres à Santiago – une grande notoriété internationale si le Dieu du hasard en avait décidé ainsi.

Fabrice Hatem


[1] Du terme argotique « trovar », qui signifie « parler », « tchatcher ».


[1] Du terme argotique « trovar », qui signifie « parler », « tchatcher ».

 


[1] Du terme argotique « trovar », qui signifie « parler », « tchatcher ».

 


[1] Du terme argotique « trovar », qui signifie « parler », « tchatcher ».

 

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