Editeur : AFII/Les notes Bleues de Bercy
Auteur : Fabrice Hatem
Fonctions tertiaires d’entreprise : une composante-clé de l’investissement international
L’activité des entreprises fait appel à plusieurs types de fonctions bien distinctes : production des biens et services, bien sûr, mais également R&D, services administratifs et quartiers généraux, logistique et distribution, centres d’appel et de téléservices, etc. Qu’elles soient gérées en interne ou – cas de plus en plus fréquent – externalisées vers des prestataires de services extérieurs, ces activités donnent lieux à des flux d’investissements et de création de postes importants de la part des firmes multinationales, dans leur pays d’origine et à l’étranger.
Une partie de ces activités doivent être localisées à proximité immédiate du lieu où les services produits sont consommés. Ainsi en est-il par exemple des lieux de vente des produits, qui, par définition, sont situés près du consommateur final (hors cas des ventes en ligne). Dans d’autres cas, les services peuvent être consommés à distance du lieu où ils sont produits. Par exemple, l’innovation mise au point par un centre de R&D permettra l’amélioration des procédés de production dans toutes les usines de la firme à travers le monde ; ou encore, le centre de télé-maintenance informatique gérera les incidents survenus sur tous les postes de travail de la firme, y compris éventuellement hors du pays où est situé ce centre. Il s’agit sonc là, dans le jargon des économistes, de services « exportables », dont la localisation est de ce fait susceptible d’être réalisée dans un très grand nombre de lieux et de pays. Ceci donne lieu à des investissements dits « internationalement mobiles », c’est-à-dire susceptibles de donner lieu à une compétition entre plusieurs pays d’accueil.
Si les marchés concernés restent très inférieurs – en montant investi comme en nombre d’emplois créés – à ceux générés par la localisation des sites de production, il n’en demeurent pas moins importants, tant par leur dimension quantitative qui n’est tout de même pas négligeable, que par leurs perspectives de développement souvent favorables, enfin par le fort impact structurant qu’ils peuvent exercer sur les économies d’accueil (centres de décision et de recherche notamment). On notera également qu’ils font en général appel à une main d’œuvre dont le niveau moyen de qualification est supérieur -voire très supérieur dans le cas des centres de R&D – à celle recrutée dans les sites de production. Cet élément a deux conséquences importantes : d’une part, il signifie que le contenu unitaire des emplois en termes de valeur ajoutée produite et de salaires est supérieur dans ces activités à celui des sites de production ; et d’autre part, que ces activités sont davantage attirées par des pays offrant un haut niveau de qualité en termes d’environnement industriel et humain, même si les taux de salaires y sont plus élevés. En d’autres termes, il s’agit de « segments de marché » sur lesquels les positions compétitives des pays développés restent fortes, ce qui permet de limiter les conséquences négatives des pertes de parts de marchés enregistrées par ces pays dans les activités de production à niveau de qualification moyenne et basse.
Il existe cependant de fortes différences en matière de critères de localisation, donc d’attractivité des différents pays d’accueil, selon le segment de marché concerné. Chacun nécessite de ce fait une analyse spécifique. Après avoir globalement décrit les grandes tendances du marché européen des fonctions tertiaires, on détaillera chacune d’entre elles en distinguant successivement les déterminants et l’historique de l’internationalisation, les critères de localisation des firmes (globalement et par segments), enfin les caractéristiques actuelles du marché mondial et européen : évolution des flux, pays d’origne et de destination, taille et caractéristiques des projets, secteurs concernés.
Ce texte peut être consulté sous trois formes :
En lien avec les Notes Bleues de Berçy où il a été publié en version réduite : notesbleues
En version longue (communication au colloque de La Baule sur l’investissement international le 26 juin 2005 : labaule (PDF)
En version powerpoint : power
Mise à jour pour 2006 : /2006/08/02/les-investissements-internationaux-en-europe-par-fonctions-2002-2005-juin-2006/