Editeur : La Salida n°17, Février-Mars 2000
Auteur : Fabrice Hatem
Tango et commerce : enjeux et débats
Al’aube du XXIème siècle, le tango, jeune danse centenaire, se développe, et c’est une excellente nouvelle. Dans le monde entier se multiplient les festivals, les bals, les spectacles, les écoles, les associations. Ce foisonnement d’initiatives s’accompagne d’une diversité croissante des pays et des milieux sociaux concernés, des styles de danse, des formes d’organisation de l’activité. D’où de nouveaux enjeux et de nouveaux débats : sur le rapport du tango à l’argent, sur les évolutions affectant le réseau associatif, sur la manière de danser et de vivre ensemble ce qui pour certains est un art, pour d’autres un loisir, pour d’autres encore une source de revenus.
La Salida a voulu faire le point sur ces évolutions. Virginia Gift nous fait rentrer dans les coulisses d’une grande manifestation, la CITA de Buenos Aires, tandis que Marcella Morilla propose un guide des pratiques et des milongas de Buenos Aires, chaque jour plus nombreuses, et si diverses par leur atmosphère et leur public. Christophe Apprill et Cacho Dante nous présentent deux points de vue différents sur la question des styles de danse, qui n’est pas sans rapports avec les enjeux commerciaux de l’enseignement. Sur un plan plus pratique, nous évoquons les récents aménagements de la fiscalité des associations en France, tandis que José Pons nous explique l’action de la Sadaic (la Sacem argentine) pour la protection des droits d’auteurs.
Mais, au fait, ces problèmes (et notamment celui du rapport à l’argent d’une activité artistique en essor rapide) sont-ils vraiment nouveaux ? L’histoire de l’enseignement du tango en France, évoquée par Christian Dubar, montre que les enjeux commerciaux y ont, bien sûr, été présents dès le début. La chronique Autour d’un tango, consacrée à Nostalgias, permet d’évoquer la figure d’Enrique Cadicamo, récemment décédé, et qui, le premier, fit passer la littérature tanguera de l’autre côté du « miroir social », en déplaçant son décor du faubourg pauvre vers le monde luxueux des cabarets et de la nuit. Plusieurs encadrés, que vous découvrirez au fil des pages, montrent que la question économique a toujours été d’une certaine façon au cœur de la structuration artistique du tango, comme le montre le paradoxe de Francisco Canaro, « artiste-entrepreneur », ou encore l’évolution des formes orchestrales en fonction des publics et du « marché ». Bonne lecture et bon siècle !!!
Fabrice Hatem
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