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Petites pochades sans importance

Les désarrois d’un ex-étatiste

Je vous parle d’un temps que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître. Les ministères en ce temps-là étaient logés dans de magnifiques hôtels particuliers, qui incarnaient la grandeur de cet Etat divinisé dont nous étions fiers d’être les prêtres admirés. Nous étions les héritiers des « modernisateurs de la République », ces hauts fonctionnaires qui relevèrent la France après la Libération. Comme eux, nous étions convaincus que l’action d’un Etat éclairé permettrait de moderniser la société française et de la pousser dans la voie du progrès social et économique. Toutes ces illusions étatistes ont été encore nourries et entretenues pendant quelques dizaines d’années supplémentaires par l’arrivée de la gauche mitterrandienne au pouvoir. J’ai dans ma jeunesse mis mon intelligence et mon enthousiasme au service de ce projet, tout en en tirant de manière non délibérée des bénéfices de satisfaction narcissiques et de confort.

Mais aujourd’hui, nous assistons en direct à la faillite de cette utopie, l’Etat-providence devenu obèse révélant chaque jour davantage ses échecs et sa totale inefficacité, y compris dans l’accomplissement de ses missions régaliennes élémentaires. Comme de son côté la société française est littéralement droguée aux aides publiques et à la dépense publique, il y a peu de chances qu’une majorité politique, y compris de droite, ose mettre fin à cette gabegie généralisée en forme d’addiction collective. ll n’y a plus qu’à attendre l’inévitable faillite souveraine et l’effondrement cataclysmique de cet Etat-protecteur devenu presque totalitaire à force de projeter ses métastases cancéreuses dans tous les domaines de la vie sociale, en espérant, sans trop y croire qu’il n’ait pas auparavant siphonné tout le patrimoine des français par l’inflation et la spoliation fiscale

(Accessoirement, il y a mille manières pour l’Etat de faire faillite, l’une d’entre elle prenant la forme de comportements de dissimulation à la Potemkine, en prétendant mener d’ambitieuses politique tout en faux-semblants qui n’aboutissent in fine à  aucune réalisation concrète… par exemple en posant le principe démagogique de l’accès universel à l’enseignement supérieur et en multipliant pour cela les facs tiers-mondisées dont aucune, du fait entre autres de la dispersion des moyens sur un trop grand nombre de campus, n’est en mesure d’assurer un enseignement de qualité).

Espérons simplement – car l’espoir, même ténu, permet de vivre – que des ruines de ce projet totalitaire de l’Etat-providence sortira une société plus libre, débarrassée du fardeau d’un étatisme paralysé et paralysant, où l’initiative et l’effort individuels seront à nouveau récompensés, tandis que la fainéantise et la malhonnêteté seront à nouveau sanctionnées. Mais nous, nous serons morts (et pauvres) mon frère….

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