Merde !!! J’avais pourtant bien préparé mon suicide.
Je ne supportais plus cette société du contrôle permanent, alors j’avais décidé de le lui échapper.
J’avais pensé d’abord me réfugier dans une hutte en Lozère, pour échapper aux drones, aux caméras de surveillance, aux robots canins et au collier de traçage.
Mais à quoi bon ? Ils m’auraient retrouvé, de toute façon, et puis finalement ça ne me disait trop rien d’aller passer ma vieillesse tout seul au fond d’un bois au milieu des moustiques.
Alors, je m’étais préparé un petit cocktail, et bye bye !!
Mais c’était sans compter sur les prélèvements ADN qu’ils avaient prélevé, un jour d’épidémie, pour vérifier que je n’étais pas contaminé.
Bien sûr, ils les avaient précieusement conservés, en dépit de toutes leurs promesses et de toutes les soi-disant garanties légales.
Et puis, il y avait eu cette foutue loi sur la garantie d’immortalité, promettant à tous une seconde vie en cas de décès prématuré.
Alors, ils m’avaient cloné, reprogrammé, et voilà que je me réveillais dans cette salle blanche au néon aveuglant.
Le psychiatre se pencha sur mon lit, pour m’annoncer qu’une nouvelle vie recommençait pour moi.
Ils avaient programmé mon réveil à 20 ans, l’âge de l’amour.
N’était-ce pas formidable, ça ? J’avais la vie, plusieurs vies, une infinité de vies, devant moi désormais.
Bien sûr, comme j’avais eu un comportement un peu asocial dans la précédente, il me faudrait suivre un stage de mise en conformité.
A l’avenir, il faudrait que je respecte strictement les règles de la distanciation sociale et de la frugalité écologique.
Sinon, ils retireraient mon clone actuel de la circulation pour en fabriquer un autre à partir de mon ADN souche, plus conforme à leurs attentes.
– Mais est-ce que je pourrai revoir ma Lili ? Leur demandai-je avec espoir et inquiétude.
– Lili ? Lili ? Nous ne connaissons personne de ce nom, répondit le psychiatre après avoir consulté sa base de données. D’ailleurs, ne vous inquiétez pas, vous aussi vous l’aurez bientôt oubliée.