Il y a quelques années, alors que je travaillais à l’ONU, j’avais été envoyé en mission du Guinée pour animer un séminaire de formation au ministère de l’économie.
Mauvaise pioche !!! Je m’étais retrouvé au milieu d’un bain de sang, les militaires au pouvoir massacrant les opposants dans les rues de Conakry.Claquemuré au milieu de cette horreur dans mon hôtel de luxe avec mes collègues, et craignant pour ma propre sécurité compte tenu de la violence ambiante, j’avais évité de sombrer dans la panique et la psychose en prenant des cours de danse africaine pendant des journées entières. Cela dura une semaine.
Et pendant cette semaine terrible, la danse ma sauva de la terreur et du désespoir.
Aujourd’hui, je sens se multiplier les signes avant-coureurs d’une grave crise de la société française, possiblement accompagnée d’une montée de la violence et certainement d’une réduction de nos libertés.
Mais comme autrefois en Guinée avec la danse, je fais front à cette situation et à l’angoisse qu’elle suscite en moi par le plaisir de la pensée libre. Je lis, je conçois des idées et des analyses, je leur donne forme dans de petits textes, qui un jour se rejoindront dans un grand livre comme les petits ruisseaux forment une grande rivière. Et le plaisir de penser agit pour moi comme un calmant, exerçant le même effet consolateur et apaisant qu’hier la danse africaine dans une Guinée martyrisée…
… Sauf que là ça risque de durer beaucoup plus longtemps et que cette fois l’ONU ne viendra surement pas me chercher en automitrailleuse pour me sauver la mise…