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Pour un féminisme apaisé

La libération sexuelle a-t-elle eu lieu ?

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ImageOn a beaucoup entendu parler, au cours des décennies récentes, de « libération sexuelle », c’est-à-dire de la levée progressive des interdits moraux et des obstacles matériels empêchant les individus de jouir comme ils l’entendent de leur sexualité. Et comme preuve de cette libération supposée, on cite habituellement, pêle-mêle, les progrès des techniques de contrôle des naissances, la libération de la parole et de l’image, la levée des interdits sur les pratiques des minorités sexuelles et sur les relations hors mariage, et plus récemment, la volonté politique d’une protection accrue contre les abus sexuels.

Le point de vue un peu provocateur que je voudrais défendre ici, c’est que beaucoup de ces évolutions seraient en fait un trompe l’œil : une répression en aurait remplacé une autre, une inhibition en aurait remplacé une autre, un interdit en aurait remplacé un autre, un scandale en aurait remplacé un autre, un arbitraire en aurait remplacé un autre, c’est tout.

A cela s’ajoute le fait que la répression sexuelle a toujours eu beaucoup de mal à faire plier nos instincts. Hier comme aujourd’hui, le démon fou de la sexualité a toujours refusé de se laisser enfermer et a transgressé allégrement les règles, les contraintes, les tabous et les interdits qu’on tentait de lui imposer. Et, les êtres humains faisaient, hier aussi bien qu’aujourd’hui, l’amour comme bon leur semblait, c’est-à-dire n’importe comment, n’importe quand et avec n’importe qui – hommes, femmes, enfants, animaux domestiques, membres de la famille proche et conjoint du meilleur ami compris. Et, pour arriver coûte que coûte à leurs fins, ils utilisèrent de tous temps tous les moyens à leur portée, en se mariant, en payant, en trompant, en contraignant – et heureusement aussi, en séduisant aimablement.

La société française d’aujourd’hui n’est donc peut-être ni plus ni moins réprimée sexuellement que n’étaient toutes celles d’hier. Comme les précédentes, elle tente d’enserrer l’énergie volcanique de la sexualité dans un étroit corset de règles, de contraintes et d’interdits dont la transgression crée le scandale et attire la punition. La seule vraie différence, c’est que cette oppression se fait désormais, non au nom de la morale, de la pudeur, ou de la religion, mais au nom … de la Liberté. Liberté de voir les images que l’on veut. Liberté de disposer sans contrainte de son propre corps. Liberté de se livrer aux pratiques sexuelles de son choix. Liberté de maîtriser les processus de la reproduction.

Mais dans la réalité, ces quatre principes supposément libérateurs créent en fait autant de contraintes, d’oppressions et d’interdits et donc de souffrances et d’inhibitions que par le passé. Ce sont seulement les formes et le périmètre de ces interdits et de ces aliénations qui ont changé. Ainsi que les tactiques de dissimulation et d’évitement utilisées pour les contourner.

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