(suite de « cruelle désillusion »)
Hier soir, je sors un moment d’une de mes soirées régulières de salsa pour fumer une cigarette entre deux danses. J’allais l’allumer, quand je vois la plus belle des habituées du lieu, qui jusque-là m’avait un peu ignoré, me regarder fixement, ses yeux bleus tout brillants, avec un air de souriante béatitude et d’intérêt manifeste. Elle était visiblement très, très, contente de me voir.
Moi aussi j’étais content : après 57 ans d’efforts assidus, les jolies femmes reconnaissaient enfin mes mérites. Mon charme, jusque là un peu discret, commençait agir puissamment sur elles. Une nouvelle vie allait commencer pour moi. Je sentis battre dans ma poitrine un cœur de jeune sous-lieutenant.
Et puis elle m’a dit : « Oh !! Fabrice, je suis si contente de te voir ! J’avais tellement envie d’une cigarette !!!»
Sur le moment, j’ai été un peu déçu, d’autant qu’il ne restait plus qu’une cigarette dans mon paquet.
Mais ensuite, j’ai positivé. Je me suis dit que si je pensais à toujours sortir de mes soirées de danse avec une cigarette à la bouche et mon petit chapeau noir sur la tête, j’attirerais immanquablement l’attention de toutes les vamps salseras loubavitch fumeuses à court de cigarettes. Bon, le créneau est un peu étroit, mais les spécialistes du marketing appellent ça de la prospection ciblée et disent que c’est super efficace. Affaire à suivre donc.