Je suis allé danser le Tango hier soir. J’ai vérifié expérimentalement qu’il était totalement impossible, même pour un danseur très habile et sans mauvaise intention aucune, de ne pas commettre au cours de la danse ce que les tribunaux appellent désormais un « attouchement inapproprié ». Les femmes étant composées, entre autres, de hanches, de fesses, de cuisses, de seins, d’épaules le plus souvent découvertes, et d’une bouche ayant une propension dangereuse à se rapprocher régulièrement de la vôtre au cours de la danse – sans compter les multiples parties dénudées de leurs vêtements découvrant leur corps et exposant notamment leur dos au contact de vos mains – le risque est ainsi permanent, pour les danseurs, de se voir accuser des pires méfaits par une partenaire mal intentionnée (du genre « il m’a frôlé l’épaule gauche deux fois avec sa main droite et collé fortement sa poitrine contre la mienne pendant 3 secondes sans avoir reçu mon consentement explicite »).
Comme l’échangisme est de principe et que 10 à 15 partenaires féminines se succèdent dans les bras d’un danseur de base au cours de la soirée, le risque de finir en garde à vue après dénonciation anonyme d’une bêcheuse sur metoo tango pour comportement prédateur est finalement considérable quand on y pense. Et si en plus elles t’ont filé leur numéro de portable et que tu les appelles deux fois de suite le lendemain pour leur proposer un rancard, alors là ça devient carrément du harcèlement. Brrr, ça me fout la trouille cette idée, je crois que je vais me mettre à la belote ou à la pétanque, au moins là je suis sur de ne toucher que des femmes en carton et des rotondités en acier… Même si pour l’instant tout s’est bien passé et que je n’ai jamais encore été convoqué par la police, mieux vaut être prudent et mettre toutes les chances de mon côté en me consacrant uniquement désormais à des activités excluant toute possibilité de contact physique avec une femme. Par exemple la grammaire chinoise (et encore…).