15 novembre
Nous vivons actuellement une terrifiante dérive vers la destruction de nos libertés. Lutte contre le terrorisme, pandémie, demain urgence écologique, toutes les prétextes sont bons désormais pour interdire, surveiller, bâillonner et punir nos populations terrifiées et soumises.
Cet effondrement provoque un effet de sidération par son caractère soudain et sa brutalité. Que nous ne puissions plus acheter un livre, aller voir un ami, faire une balade en forêt ou passer une soirée au restaurant marque l’entrée dans un monde nouveau et effrayant s’apparentant d’assez près à une dictature.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que beaucoup de gens cherchent fébrilement une explication logique à cette désastreuse involution de nos démocraties libérales.
La plus simple, la plus accessible à l’entendement de beaucoup d’entre nous, c’est que nous serions victimes d’un complot : un petit groupe secret de personnes malfaisantes – banquiers, dirigeants de grandes entreprises pharmaceutiques, franc- maçons, illuminatis, tranhumanistes et autres reptiliens – chercheraient à asservir l’Humanité au bénéfice de leurs intérêts égoïstes ou de leur projet utopique.
La plupart de ces théories – pour ne pas dire toutes- résistent mal à une analyse rationnelle : faits tronqués ou déformés, informations et témoignages sortis de leur contexte, raisonnement illogiques ou paranoïdes, voire mensonges pures et simples discréditent la plus grande partie de ces constructions mentales.
Il n’en reste pas moins que l’actuelle dérive totalitaire est une réalité, confirmée chaque jour par mille signes incontestables, qui menace gravement chacun d’entre nous dans sa vie quotidienne, dans sa prospérité, dans ses affects, dans l’expression de ses croyances, et in fine dans sa liberté et dans son bonheur.
Il est absolument indispensable de comprendre les causes et les mécanismes de ce phénomène gravissime pour essayer de le combattre.
En ce sens, les théories complotistes, aussi délirantes soient-elles, ont en quelque sorte le mérite de tenter d’apporter une clé de compréhension globale à cette menace globale. Les dénoncer ne suffit absolument pas pour combattre la menace elle-même. Il faut également tenter de construire une contre-théorie crédible pour comprendre ce qui est en train de nous arriver. Sinon, le risque est de nous satisfaire d’une attitude de déni et d’assister passivement au naufrage de nos libertés sous prétexte que ceux qui le dénoncent sont incapables d’expliquer rationnellement la cause de ce désastre.
Pour parler plus clairement : si ce ne sont pas les reptiliens qui détruisent nos libertés, alors pourquoi celles-ci sont – elles aujourd’hui en train d’être détruites ???
Mon hypothèse personnelle, que j’ai développée dans un ouvrage intitulé « La dictature insidieuse – du totalitarisme au chaos » est que des mécanismes très profonds, presque implacables, conduisent – tout particulièrement en France – à une dérive totalitaire des Etats démocratiques, à travers l’extension progressive et sans limite de leurs domaines d’intervention ; que cette inflation étatique réduit d’autant la liberté des populations, à travers la spoliation fiscale et la multiplication des interdictions de toutes sortes dont elles sont frappées; que ce phénomène très ancien a été récemment accéléré par les crises terroristes et sanitaires qui ont servi de justification à de terribles atteintes à nos libertés ; que cette dérive totalitaire été encore aggravée par l’essor de nouvelles technologies de surveillance qui donnent désormais à l’Etat de terrifiants moyens de contrôle sur la population ; Et que cette évolution s’est paradoxalement accompagnée d’un affaiblissement généralisé de l’efficacité de l’Etat et de sa capacité réelle à remplir, non seulement les missions nouvelles dont il prétend sans cesse se charger dans une cancéreuse prolifération bureaucratique, mais même ses missions traditionnelles et fondamentales, comme assurer l’ordre public et la justice. Bref, nous avons droit en même temps à la dictature et au chaos, au totalitarisme et à l’anarchie.
Cette hypothèse vaut ce qu’elle vaut : elle a cependant le mérite de proposer une explication logique, non teintée de délires complotistes, à ce qui est en train de nous arriver. Et si vous n’êtes pas d’accord avec moi, s’il vous plaît expliquez-moi pourquoi l’Etat m’interdit désormais d’aller faire un câlin à ma copine ?