22 avril 2020
Ce qui me chagrine de plus dans les évolutions actuelles, c’est de voir disparaître un monde chaleureux et humain au profit de grandes structures froides et anonymes.
Parfois cette disparition se fait au nom de la rentabilité capitaliste, de la productivité industrielle ou de l’efficacité commerciale.
Mais très souvent aussi, elle se fait au nom de la solidarité, de l’écologie, de la salubrité urbaine et maintenant de notre santé.
A chaque fois, c’est la simplicité, la chaleur humaine, le désordre poétique des choses et des gens, l’humanité des choses vieillottes et des jolis paysages, la dignité aussi des travailleurs indépendants, qui sont massacrés au profit d’une société cadenassée, mise aux normes, massifiée, enlaidie, soumise au pouvoir de grandes structures anonymes et lointaines, qu’elles soient privés ou publiques.
Campagnes bucoliques transformées en usines en plein air de production de lait pasteurisé, pendant que les vieux paysans disparaissent avec leur culture rurale, remplacés par des agriculteurs surendettés et surmenés.
Paysages de France massacrés par le développement d’hideuses éoliennes au nom de l’écologie.
Vivantes rue commerçantes des petites villes de provinces ruinées et transformées en déserts sinistres par l’implantation des grandes zones commerciales en périphérie.
Restaurants familiaux traditionnels de nos campagnes, porteurs d’une culture culinaire séculaire, fermés pour cause de non-conformité à des normes sanitaires absurdes
Bistrots de village soumis à d’invraisemblables redressements de l’Urssaf pour emploi au noir de la fille aînée qui donnait un coup de main le dimanche.
Petites usines du coin fermées pour cause de mondialisation et de concurrence chinoise, transformant des familles entières d’ouvriers dignes, détenteurs d’un magnifique savoir-faire, en allocataires passifs d’aides sociales.
Vieilles maisons parisiennes, avec leurs façades centenaires et leurs courettes pavées, mises à bas par les programmes HLM de la mairie de Paris pour être remplacés par des grands ensembles modernes et cadenassés.
Artisans du coin, marchands ambulants, petits métiers plus ou moins légaux mais qui donnait vie et couleur aux rues des derniers quartiers populaires de nos villes, impitoyablement étranglés, selon les cas, par les cotisations sociales, la concurrence des grandes structures, la mise aux normes sanitaire, la répression policière.
Simplicité bon enfant dans les rapports humains anéantie par le déferlement simultané du politiquement correct qui interdit de faire un compliment à une fille dans la rue et de l’ensauvagement social qui expose tout monde à la violence incontrôlée des voyous.
Et maintenant petits bistrots parisiens cradingues et chaleureux fermés pour cause d’épidémie, et qui, une fois en faillite, seront remplacés par des cafés starbuck standardisés.
Bref, tout un mode de vie tranquille et humain broyé, anonymisé et mis aux normes au nom du progrès !!!
Ils ne peuvent pas laisser ma campagne, mon village, ma petite ville, mon vieux quartier et mon petit bistrot tranquilles, cette bande de modernisateurs fous, écolos, fonctionnaires planificateurs, inspecteurs du travail, pondeurs de normes bruxelloises, offices HLM, aménageurs urbains et autres ministres de la santé ?? Et qui, en plus, prétendent faire tout ça pour mon bien ??
Mais je n’ai pas envie qu’on fasse mon bien à ma place, j’ai juste envie qu’on me laisse aller rencontrer mes potes au bistrot du coin. Et puis ensuite déjeuner avec eux chez le père Michel, qui fait un bon bœuf bourguignon depuis trois générations même si la distance cuisine-toilettes est inférieure à 2 mètres dans son vieux restau !!
J’ai juste envie qu’on laisse la paix aux gens simples, sans les écraser de normes, d’impôts et de contrôles, et aussi en les protégeant un peu de la concurrence des grandes multinationales.
Vraiment, vraiment, ils me dépriment, ces fadas du progrès mondialisé, hygiénisé et planifié !!!