Dans mon prochain ouvrage, « La dictature insidieuse – entre totalitarisme et chaos », je compte exposer l’hypothèse selon laquelle un certain nombre de thématiques portées par l’esprit du temps, comme le féminisme, l’écologie ou l’antiracisme, auraient été instrumentalisées par des groupes de pression infiltrés jusqu’au cœur de l’appareil d’Etat pour en obtenir, au mieux le vote de lois imbéciles et le lancement de programmes inutiles et coûteux, au pire des restrictions majeures à nos libertés accompagnées de détournements purs et simples des fonds publics.
L’ouvrage de Fabien Bouglé « Eoliennes – la face noire de la transition écologique » démontre à cet égard des impasses d’une idée a priori plutôt séduisante, mais dont la mise en œuvre s’avère finalement porteuse de conséquences négatives : utiliser la force du vent pour produire une électricité réputée non polluante, sans danger et renouvelable. Une idée qui a conduit au lancement – notamment en France – de programmes d’équipement sur grande échelle en éoliennes. Malheureusement, l’image positive de cette technologie ne correspond pas à la réalité : elle est en effet beaucoup dangereuse pour l’environnement et la santé humaine qu’il n’y paraît au premier abord ; son caractère intermittent et aléatoire oblige à la coupler, pour éviter une fragilisation de l’approvisionnement électrique, avec l’utilisation de centrales thermiques, sources d’émissions massives de CO2 ; son coût élevé se traduit par une forte augmentation des prix de l’électricité destiné à subventionner, via une taxe ad’hoc, l’installation de ces engins, qui se seraient pas rentables sans cela ; enfin son développement s’appuie sur des connivences plus que troubles entre dirigeants politiques, activistes militants et milieux industriels – un « lobby du vent », cachant derrière le prestigieux oriflamme de la cause environnementale son intérêt très prosaïque pour la manne des aides publiques.
Ce livre, qui se lit d’une traite, comme un véritable roman noir, se divise en 10 chapitres dont chacun porte une accusation grave et très bien argumentée :
1. En tant que produits industriels, les éoliennes sont sources de graves atteintes à l’environnement : d’une part, parce que leur fabrication nécessite l’utilisation de terres rares, dont la production donne lieu à un véritable désastre écologique tout en nous mettant la merci de la Chine, principal producteur mondial de ces matières premières ; et d’autre part, parce que la faible durée de vie des éoliennes oblige à les remplacer tous les 25 ans, alors même qu’ils n’existe aucune solution de recyclage pour les pales en fibre de carbone, et qu’il est impossible de se débarrasser des énormes socles de bétons coulés dans les terres pour servir de base aux mâts.
2. En tant qu’énergie, l’électricité d’origine éolienne est caractérisée par son intermittence et son caractère aléatoire ; les éoliennes doivent donc être couplées, pour assurer la stabilité du système électrique et la sécurité de l’approvisionnement, avec des centrales au charbon et au fuel elles-mêmes à l’origine de fortes émissions de CO2 ; de ce fait, un système électrique faisant largement appel à l’éolien (et donc au fuel et au charbon) produit en fait beaucoup plus de C02 qu’un système qui serait par exemple principalement basé sur le nucléaire.
3. Les éoliennes pourraient avoir des impacts très négatifs sur la santé des populations environnantes, notamment à travers la production d’infra-sons qui perturbent les métabolismes vivants – une réalité que les autorités persistent à nier en dépit de l’accumulation de preuves scientifiques de plus en plus nombreuses et concordantes ;
4. Les éoliennes sont également très nocives pour la vie animale, qu’il s’agisse des rapaces, chauves-souris et autres oiseaux migrateurs décimés par les pales, de la surmortalité mystérieuse du bétail vivant à proximité des mâts, ou des espèces marines dont les moyens naturels d’orientation sont perturbés par le bruit, les ondes et les vibrations des éoliennes en mer ;
5. Pour implanter les éoliennes en dépit de l‘opposition des habitants, le lobby pseudo-écologiste recourt à toutes sortes de pratiques anti-démocratiques : enquêtes d’utilités publiques menées avec partialité, sous l’influence des industriels ; mépris et indifférence des porteurs du projet pour les inquiétudes exprimées par la population ; modification des procédures administratives visant à rendre les recours légaux plus difficiles ; puissantes actions de lobbying et de propagande destinées à vanter les illusoires bienfaits des éoliennes – ces actions étant confiées à des structures regroupant, dans un curieux mélange des genres, industriels du vent, pouvoirs publics et associations militantes ;
6. Subventions massives à une technologie qui sans ce soutien ne serait pas compétitive, entraînant une forte hausse du prix de l’électricité (puisque ces énormes transferts d’argent sont financés, in fine par le consommateur à travers la TSPE – Taxe sur le service public de l’électricité) ;
7. Menaces sur l’emploi et le tourisme, l’implantation des éoliennes menaçant des activités traditionnelles (pêche artisanale…) tout en entraînant une dégradation esthétique sur grande échelle des paysages – alors que ces atteintes sont beaucoup plus localisées dans le cas des centrales thermiques ou nucléaires ;
8. Liaisons dangereuses entre partis politiques (EELV..) industriels du vent et associations militantes (Greenpeace, WWF…), ouvrant largement la voie à de possibles collusions d’intérêt ;
9. Risque omniprésent de corruption, notamment sous la forme de la prise illégale d’intérêt lorsque les élus d’une commune rurale ayant à voter sur un projet d’éoliennes sont également les propriétaires des terres sur lesquels seront implantées ces engins.
10. Enfin, dans certains cas (Sicile…), implication de la Mafia dans le but de détourner des subventions publiques accordées à des projets d’éoliennes.
Quel jugement porter sur la valeur de ce réquisitoire ? Travaillant moi-même dans le secteur énergétique, je peux témoigner que ce qui est dit dans les chapitres 2 et 6 sur l’éolien (en gros, qu’il s’agit d’une technologie très coûteuse, aux avantages incertains, et dont le développement conduit à dégrader in fine la fiabilité technique et le bilan environnemental du système électrique français) est dans l’ensemble exact. Il n’est pas impossible cependant, que l’auteur, emporté par ses convictions et pour faire bonne mesure, ait un peu trop forcé sur les éléments à charge en matière de corruption et d’impacts sur la santé (chapitres 3 et 10). Mais, dans l’ensemble, on ressort tout de même plus que convaincu, après la lecture du livre, par le fait qu’il y a anguille sous roche et que le programme éolien pourrait bien déboucher, dans un avenir pas si lointain, sur un gigantesque scandale économique, industriel et même de santé publique.
Mais, au-delà du seul cas des éoliennes, l’ouvrage de Fabien Bouglé a attiré mon attention sur trois grands paradoxes de l’écologie, ou plutôt de ses dérives contemporaines :
1) Sur le plan économique, la pensée écologie est habituellement perçue comme une défense des petites structures artisanales et auto-suffisantes contre une société industrielle envahissante et prédatrice. Mais elle se révèle au contraire, une fois mise en œuvre sur grande échelle, comme un principe particulièrement pernicieux de destruction de ces petites économies traditionnelles et d’artificialisation/industrialisation du monde à travers le lancement de gigantesques programmes dits « de transition énergétique » : destruction esthétique et matérielle du monde rural, impacts massivement négatifs sur les activités agricoles ou halieutiques locales, constituent ainsi le prix à payer pour que les industriels concernés – souvent de grandes multinationales étrangères – puissent bénéficier – au nom de la défense d’un environnement qu’ils sont en fait en train de détruire – de l’énorme manne financière des subventions publiques.
2) Sur le plan social et culturel, l’écologie politique est départ assimilée dans l’esprit du public, à la vision bucolique d’un monde rural paisiblement intégré dans son environnement naturel, et constituant un refuge face excès de la modernité. Mais elle constitue, dans la réalité, un instrument particulièrement violent de destruction des traditions du pays profond : mises aux normes obligatoires et coûteuse des vieux bâtiments, accompagnées d’un discours de dévalorisation du monde ancien (la vieille maison de famille étant rabaissée au rang de « passoire énergétique ») ; activités traditionnelles perturbées par les exigences soi-disant écologiques des néo-ruraux (plaintes contre l’épandage de pesticides par les agriculteurs) ; saccage des campagnes pour satisfaire la bonne conscience et les besoins énergétiques des bobos urbains désireux de consommer de l’électricité réputée « verte »… Finalement, c’est tout un monde rural vivant tranquillement à sa manière que l’on somme, au nom d’un écologisme dévoyé, de renoncer à ses modes de vie traditionnels et de s’adapter à marche forcée à un soi-disant « progrès environnemental » sans doute largement illusoire.
3) Sur le plan politique, il n’y a strictement aucune raison pour que le mouvement écologique, une fois sortie de sa phase d’adolescence militante pour parvenir à des positions de pouvoir, soit épargné par les dérives habituelles de celui-ci : tentation de l’autoritarisme et du déni de démocratie ; gaspillage voire détournement des fonds publics, avec création de nouveaux impôts sous le prétexte de financer la transition énergétique ; dangereux mélange des genres entre activité militante, exercice d’une responsabilité politique et entrepreneuriat industriel, conduisant à de possibles collusions d’intérêt sous le masque séduisant de la « bonne cause » environnementale.
Bref, l’écologie politique ne me semble pas échapper aux risques de dérive ayant affecté par le passé d’autres grandes utopies comme le communisme. Le cycle est à chaque fois à peu près le même : une idéologie nouvelle paraît offrir des solutions simples aux problèmes de la société ; elle séduit de ce fait un grand nombre de gens, notamment au sein de la jeunesse et des élites intellectuelles ; son discours agressif et culpabilisateur réduit au silence les opposants, caricaturés sous les traits de réactionnaires ignorants ; une fois arrivée au pouvoir, ses zélateurs lancent de manière autoritaire des gigantesques programmes, mobilisant d’énormes moyens, destinés à modeler la société selon leurs rêves ; mais ces projets présentent un caractère absurde, dont l’irréalisme reflète celle de l’idéologie dont ils sont inspirés, tandis que les nouveaux dirigeants font preuve d’une cupidité qui n’a rien à envier à celle, tant dénoncée par eux, de leurs prédécesseurs.
C’est donc, me semble-t-il, faire œuvre utile que de dénoncer aujourd’hui les risques et les dérives d’une écologie politique qui porte en elle autant de dangers – non seulement pour la prospérité et la liberté, mais, paradoxalement, également pour l’environnement – que n’importe quelle autre idéologies aux relents totalitaires.
Fabien Bouglé, Eoliennes : la face noire de la transition écologique, Editions du Rocher, 229 pages, 2019
Nb : cette fiche de lecture s’inscrit dans mon actuel travail de rédaction d’un ouvrage intitulé « La dictature insidieuse – entre totalitarisme et chaos », où je tente de mettre à jour les mécanismes par lesquels l’Etat français contemporain réduit peu à peu nos libertés. Pour tester mes hypothèses de travail, je suis en ce moment amené à lire un grand nombre d’ouvrages, récents ou plus anciens, portant sur ces questions. Comme les autres comptes rendus de lecture du même type que je publierai au cours des semaines suivantes, le texte ci-dessous ne porte donc pas directement sur l’ouvrage lui-même, mais sur la manière dont il confirme ou infirme les thèses que je souhaite développer dans mon propre livre, et que je présente au début du compte-rendu sous la forme d’un encadré liminaire, afin de les tester à l’aune de cette nouvelle lecture.