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Entre autoritarisme et chaos

Un pouvoir coupé du peuple

ImageLe week-end dernier, s’est déroulé à Paris une tragi-comédie qui a mis en lumière, de manière aveuglante, les dérives d’un pouvoir soit-disait progressiste mais en fait entièrement coupé du peuple, indifférent à ses difficultés, et sourd à l’expression de son malheur.

Dimanche, ont en effet eu lieu deux manifestions simultanées :   La première, organisée par un collectif féministe, visait à protester contre les violences physiques ou économiques dont les femmes seraient victimes de la part des hommes (coups, viols, inégalités salariales).

La seconde, organisée de manière spontanée, avait pour objet de protester contre les violences de toute nature exercées en permanence par l’Etat français contre les femmes ordinaires ainsi que contre les hommes (maris, pères, fils…) qui partagent leur vie quotidienne : violence contre les petites vieilles (et les petits vieux) à qui on réduit leur retraite déjà misérable à coup de CSG et de non-indexation des pensions ; violence contre les passantes (et les passants) volés et roués de coups dans la rue par les voyous sans que la police les défendent ; violence exercées par le fisc spoliateur contre les travailleuses (et les travailleurs) de ce pays à coups d’impôts et de cotisations sociales ; violence exercée sur les conductrices (et les conducteurs) à qui la hausse des taxes sur l’essence rend l’existence impossible en renchérissant le coût des actes les plus élémentaires de leur vie quotidienne, comme aller faire les courses au supermarché en voiture.

J’étais à la seconde manifestation, et je peux donc témoigner que son importance et son climat ont été totalement déformés par la propagande du pouvoir.

Son importance, parce que, répandu nous seulement sur les Champs, mais dans tout le quartier avoisinant, nous étions beaucoup, beaucoup plus que les 8000 personnes annoncées par la préfecture.

Son climat, par qu’elle était composée dans son écrasante majorité de gens totalement pacifiques, venus de tous les bords politiques, mais unis par un même sentiment de ras-le bol.

Notons à ce sujet que selon les propres statistiques truquées du ministère de l’intérieur, les femmes étaient nettement plus nombreuses, dans toute la France, aux manifs des gilets jaunes qu’à celles des féministes : 1060000 X 50% = 50000 pour les gilets jaunes, 30000 X 80 % = 25000 pour le féministes (bien sûr, c’est un calcul grossier de coin de table, mais c’est aussi la réalité).

Malgré la différence d’ampleur qualitative entre les deux manifestations, le Président et son gouvernement ont cependant choisi leur camp : d’un côté ils ont condamnés les « honteux » gilets jaunes, assimilés à des ligueurs fascistes, et refusé d’entendre leur désarroi et d’y répondre ; de l’autre, ils ont encensé les manifestant(e)s féministe (et LGBT) et promis de débloquer « des moyens nouveaux » pour répondre à leurs revendications. Bref, ils ont insulté et méprisé le peuple qui souffre (composé à 51 % de femmes, rappelons-le), mais immédiatement donné satisfaction à des lobbies souvent ultra-minoritaires, pas représentatifs des populations qu’ils prétendent défendre, mais culturellement proches du pouvoir.

Cet espèce de mépris généralisé pour le peuple s’est d’ailleurs également exprimé par ce tweet hallucinant de Anne Hidalgo, posté au moment même où les gens exprimaient leur exaspération et leur désespoir sur les Champs-Elysées : « Et si vous profitiez du week-end pour braver le froid et venir admirer les superbes illuminations de l’avenue des Champs-Elysées inaugurées jeudi soir ? ». Renseignements pris, c’était paraît-il une bourde de la responsable de com’ de l’Hôtel de Ville, ce qui montre simplement qu’Hidalgo ne poste même pas elle-même les tweets qu’elle et que de toute manière elle se fiche complètement du sort des ploucs bouseux réacs qui sont venus exprimer leur désespoir sur ses beaux Champs-Elysées.

Bref, lundi suite à l’agit-prop victimaire des associations féministes et LGBT (ceux-ci faisant notamment état depuis quelques temps, à coup de selfies bien gores, d’une montée de la violence anti-homo dont la réalité n’est pas vraiment avérée), le gouvernement va annoncer toute une liste de mesures contre les violences faites aux femmes et aux homos. Mesures dont la plupart seront évidemment totalement cosmétiques, dont d’autres consisteront à créer quelques rentes de situations supplémentaires pour les associations concernées et leurs dirigeants afin qu’ils puissent financer leur agit-prop avec l’argent du contribuable, mais qui toutes se traduiront par des dépenses supplémentaires et donc une pression future à l’augmentation de nos impôts.

Par contre, pour les pauvres gens qui justement, manifestaient pour dire qu’ils n’en peuvent plus, de ces impôts, et qui sont soutenus par 80 % de la population français (donc 80 % des femmes et des homos), on prévoit juste un « effort de pédagogie » pour leur expliquer à quel point ils sont stupides de ne pas comprendre comme c’est bien de les empêcher de survivre sous prétexte de protéger l’environnement.

Bref, on croit pouvoir détourner l’attention de l’écrasante majorité de la population des injustices fiscales massives dont elles est victime en adoptant des postures progressistes destinées à satisfaire des groupes de pression qui, pour être bruyants et bien organisés, n’en sont pas moins minoritaires.  Et on coupe en tranche fines et bien séparées la violence globale et multiforme dont est victime le peuple français pour éviter de comprendre son caractère systémique et les causes communes qui expliquent la montée de toutes ces violences (les agressions de femmes, d’homos, de flics, de pompiers, les jeunes égorgés, les juifs assassinés,  les attentats, etc.).

En d’autres termes, c’est l’arbre qui cache la forêt. On raconte des salades aux gens sur de soi-disant mesures « progressistes » qui ne serviront à rien parce que le diagnostic qui les sous-tend est faux ou biaisé, et en même temps, on les assomme d’impôts nouveaux tout en leur racontant qu’on  baisse la pression fiscale. Et quand ils protestent, on les traite de « honteux » et d’abruti à qui se propose de leur faire « de la pédagogie » (c’est-à-dire de leur asséner des cours de redressement idéologique pour leur expliquer que s’ils sont désespérés, c’est parce qu’ils sont ignorants).

Reste à savoir si cette tentative à la fois méprisante et pathétique de masquer les problèmes réussira, ou si, au contraire, elle ne fera qu’attiser davantage la colère d’un peuple qui se sent de plus en plus méprisé et dépossédé par ses propres élites.

 

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