D’après Jean de la Fontaine
La Cigale, ayant chanté
Tout l’Été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Oût, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
— Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien !dansez maintenant. »
La cigale alors sans retard
Alla pleurer devant renard
Chargé des communs intérêts
De tous les animaux du pré
« Si la fourmi ne prête rien
Je vais mourir bientôt de faim »
Quoi ? dit-il avec artifice,
Réparons donc cette injustice
Et derechef il décida
De taxer les fourmis du bois
D’un impôt solidarité
Qu’les cigales, en majorité
Allèrent voter sans tarder
Il envoya furet son ami
Confisquer les grains des fourmis
La plus grand part il perdit
Et garda le reste pour lui
Ne laissant rien aux cigales
Tous bientôt crevèrent la dalle
Mourant de faim ou d’anémie
Furet, cigales et fourmis
Seul renard se tira d’affaire
Il vendit tout le petit pré
A un riche faisan doré
Puis vécut heureux dans ses terres
Travaillez, prenez de la peine
En fait ca ne sert à rien
Y’a toujours un renard malin
Pour piller votre bas de laine.