Cruelle désillusion
Passionné depuis quelques années par le tango et les danses caraïbes, j’avais résolu cette année de faire un effort décisif pour l’acquisition définitive du statut de « Latin lover ». Cours, stages, répétitions et sorties de danse, voyages lointains, rien ne fut négligé pour parvenir à mes fins.
Objets et vêtements furent particulièrement mis à contribution. Costumes blancs en coton, chaussures bicolores, chemise en soie brillante couleur saphir, pochettes mauves, chaines en or, borsalinos et panamas, et même une machette censée mettre en valeur ma nouvelle puissance virile de coupeur de canne à sucre : Je me dotai d’un attirail complet de macho latino.
J’étais particulièrement fier d’un petit chapeau en feutre noir, qui représentait à mes yeux le nec plus ultra de la séduction latine. Avec ce chapeau légèrement penché sur mon oreille, pensais-je, c’était plié : aucune femme ne pourrait plus résister à la puissante bouffée de testostérones tropicales émanant désormais de ma personne.
Et puis, patatras !!!! Il y a trois jours, je vais danser, fier comme Artaban avec mon petit chapeau noir sur la tête, dans un restaurant latino parisien, Los Mexicanos. Je rencontre un vieux copain qui me regarde et me dit gentiment : « il est mignon ton chapeau ; tu reviens d’une bar-mistva Loubavitch ? »
Là , j’étais vraiment cassé… Au point que depuis, j’envisage sérieusement d‘abandonner les danses latines pour me reconvertir dans les études talmudiques. Puisque j’ai déjà le chapeau !!!