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Salsa Opus 4, Vénézuéla, visa pour les barrios

Image Ce 4ème épisode d’une série de cinq documentaires sur la Salsa dans le monde, réalisés par Yves Billon, est consacré, comme son nom l’indique, au cas du Venezuela.

Yves Billon parcourt pour cela tous les milieux où se pratiquent musique et danse populaire : carnaval, défilés de musique traditionnelle avec leurs mariachis et leurs fanfares, rues de barrios pauvres, plages de l’île de Margarita où un orchestre joue devant des baigneuses en bikini, clubs selects de la classe aisée, carnavals de petits villages de mineurs avec leurs steels bands. A chaque milieu social sa musique, semble nous suggérer l’auteur. Avec visiblement une préférence pour les barrios populaires, implicitement désignés comme les véritables berceaux d’une expression musicale spontanée, authentique et non commercialement galvaudée.

Le film souffre cependant de nombreuses faiblesses. Les séquences musicales sont trop longues et manquent de rythme. L’atmosphère paraît parfois artificielle, par exemple lorsque le Grupo Madera joue, avec tout son matériel de scène, dans une rue perdue du barrio pauvre pour nous « signifier » l’authenticité de son enracinement populaire. Les témoignages d’experts (musicologues ou musiciens) sur l’histoire de la Salsa au Venezuela sont un peu décevants par leur caractère superficiel. En particulier, le thème, visiblement sous-jacent au film, de la diversité des expressions salseras selon les milieux sociaux n’est qu’effleuré, sans que nous soient vraiment fournies les clés de compréhension sur ce sujet.

Quant aux orchestres, leurs différences stylistiques ne sont pas analysées et, accessoirement, leurs noms ne sont même pas toujours indiqués au moment de leur passage à l’écran. C’est insuffisamment didactique pour un public néophyte qu’il faudrait prendre davantage par la main, et trop peu approfondi pour un public spécialisé qui connaît déjà les caractéristiques élémentaires de la salsa vénézuélienne.

Finalement, on ressort de ce film avec l’impression de ne pas avoir appris grand’chose, ni sur l’histoire, ni sur l’actualité de la Salsa dans le pays. On se consolera en appréciant l’une des grandes qualités du film : les longues scènes de concerts des orchestres les plus représentatifs, comme Madera, William Pucci, Complot, Oscar d’Léon (en répétition), Dimension Latina, Pan con Queso, Guaco,…

Fabrice Hatem

Salsa Opus 4, Vénézuéla, Visa pour les barrios, documentaire de Yves Billon, 2005, 52 minutes, L’Harmattan / Zarafa Films

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