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Salsa Opus 2, Colombie, un pays tropical

ImageSecond épisode d’une série de cinq documentaires réalisés par Yves Billon sur la Salsa dans le monde, ce film nous fait découvrir la ferveur dont jouit cette musique en Colombie. De Cali à Barraquilla, il présente de manière très pédagogique les origines et les manifestations de cet engouement.

Celui-ci s’enracine tout d’abord dans une culture populaire possédant de nombreux traits communs avec celle des Caraïbes. En témoignent ces images de la région du Choco et de sa capitale Quibdo, peuplées d’une population métissé d’origine largement afro-colombienne, avec ses petits ports fluviaux, ses marchés vivriers, ses fêtes religieuses où la ferveur s’exprime par la musique et la danse, ses orchestres de rue interprétant les rythmes locaux, comme le Curulao …

La diversité des lieux où se pratique la Salsa est bien montrée à travers de nombreuses images de petits bars et clubs de danse. Les bals sont souvent animés par des Picos, grosses sonos mobiles couvertes de décorations kitch. Il y aussi les grandes fêtes populaires, comme les festivals de salsa organisés dans le faubourg de Juancito, à Cali, ou encore le Carnaval de Barranquilla avec ses défilés de rue et ses concours de reines de beauté. Le film nous montre également une spécificité colombienne : le goût pour des collections de vieux enregistrements, qui se manifeste entre autres à l’occasion des « rencontres de collectionneurs et mélomanes, » où des vinyls « »vintage » sont passés en public pour la plus grande joie de la foule.

L’inventivité colombienne en matière de danse est mise en valeur par plusieurs séquences : images de « Salsa Caleña », un style rapide et sautillant inspiré du boogalloo et du mambo, typique de Cali ; découverte du Barrio ballet de Cali, une compagnie dont les chorégraphies associent le Son et la danse classique sur la musique de salsa ; vieux danseur incroyable de légèreté, semblant littéralement flotter en l’air, et créant par ses pas une atmosphère d’irréalité lunaire …

De nombreuses scènes de concerts mettent également en scène quelques-uns des groupes colombiens les plus représentatifs : Grupo Niche jouant certains de ses plus grands succès, comme  Miserables et Cali Pachaguero ; Joe Arroyo chantant La noche et Centurion de la noche ; Groupe Raices…. Tout cela dans une atmosphère d’enthousiasme populaire débridé qui nous fait comprendre, mieux que de longs discours, la profondeur de l’empreinte salsera dans le pays…

Enfin, quelques entretiens avec des spécialistes (musicologues, musiciens, collectionneurs, patrons de bars et de salsothèques…) permettent de découvrir connaître l’histoire de la Salsa en Colombie et d’en comprendre les spécificités.

Le documentaire transmet l’essentiel de ce qu’il faut connaître sur ce sujet, même si l’analyse socio-musicale reste par la force des choses un peu sommaire, tandis que les spécificités régionales sont un peu passées sous silence. Par exemple, le cas des villes de l’intérieur du pays (Medellin, Bogota) n’est pratiquement pas évoqué, tandis que le rôle central de Cali, malgré les larges passages qui lui sont consacrés, n’est pas explicitement souligné. Sur ce sujet, on pourra consulter avec profit des travaux de nature plus universitaire, comme les ouvrages d’ Alejandro Ulloa ou de Lise Waxer.

Fabrice Hatem

Salsa Opus 2, Colombie, un pays tropical, documentaire de Yves Billon, 52 minutes, Les films du Village / la Sept

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