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Bibliographies et comptes-rendus de lecture

¡Que viva la música !

ImageLe livre décrit la dérive hallucinée de Maria, une jeune fille issue de la bourgeoisie aisée de Cali. Happée par le vertige de la musique et de la danse, celle-ci s’enfonce au fil des nuits dans la sensualité frénétique des fêtes de Salsa, pour sombrer peu à peu dans la drogue, la violence, l’érotomanie et la prostitution. A force de vouloir vivre pleinement sa vie en transgressant limites et tabous, celle qui se nomme elle – même « La toute vivante » n’aboutira finalement qu’à l’autodestruction.

L’auteur parvient à rendre compte, à travers son style haché et âpre, de la décomposition psychologique progressive du personnage, dont le rapport avec la réalité semble se distendre peu à peu à mesure que son discours (elle s’exprime dans le livre à la première personne) devient plus imprécis et incohérent.

Mais ¡ Que viva la música !, n’est pas seulement la terrifiante chronique d’une déchéance personnelle. Le livre nous propose également, à travers le regard subjectif de son héroïne, une passionnante plongée dans l’univers de la Salsa caleña au début des années 1970, avec ses fêtes endiablées qui durent des nuits et parfois même des semaines entières, sa fascination pour la Salsa Brava venue de New-York, son non-conformisme nihiliste, son addiction aux drogues.

L’auteur, Andrés Caicedo, une des hommes de lettres colombiens les plus prolifiques et les plus prometteurs de sa génération, se suicidera à 25 ans, le jour même de la réception des épreuves du livre. Il nous signifiera ainsi que l’héroïne de son roman, avec sa quête passionnée et sans issue de la jeunesse éternelle, n’était finalement qu’un double salsero de lui-même.

Fabrice Hatem

¡ Que viva la música !, Andrès Caicedo, 1977, Traduction Française de Bernard Cohen, ed. Belfond, 272 pages, 2012

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