Film musical de Michael Curtiz, musique de George Cohan, avec James Cagney, Joan Leslie, Walter Huston, Richard Whorf, Irene Manning, Rosemary DeCamp, Jeanne Cagney, Etats-Unis, 1942, 126 minutes.
Ce film conte, de manière quelque peu simplifiée et romancée, l’histoire de George M. Cohan (1878-1942). Surnommé « L’homme qui possédait Broadway », ce célébrissime auteur, acteur et producteur de comédies musicales régna sur la scène New-Yorkaise de 1900 à 1920, avec à son actif l’écriture de 300 chansons et la réalisation de près de 40 spectacles.
Georges Cohan est né dans une ces familles d’artistes itinérants qui sillonnaient les Etats-Unis au début du XXème siècle, se produisant dans des spectacles de Vaudeville et de variétés. Ce milieu a d’ailleurs constitué une incroyable pépinière de talents auxquels Hollywood donna par la suite une notoriété mondiale, et parmi lesquels on peut citer : Rita Hayworth, Judy Garland, Fred Astaire….
Enfant de la balle, le jeune Georges Cohan se forme ainsi sur le tas dans la troupe des « quatre Cohan », interprétant au côté de son père Jerry (Walter Huston), de sa mère Nelly (Rosemary DeCamp) et de sa sœur Josie (Jeanne Cagney), des numéros d’opérette dont Keep your eyes on me donne un bon exemple dans le film.
Il se met à composer très jeune et commence à se produire à Broadway en 1893, y connaissant son premier triomphe en 1904 avec sa comédie musicale Little Johnny Jones. Ces débuts New-Yorkais nous sont contés dans le film sous une forme un peu romancée : premières tentatives infructueuses (The Warmest Baby in the Bunch, Harrigan) avec sa future femme Mary (Joan Leslie) qu’il n’épousera en fait qu’en 1907 après la rupture d’un premier mariage non mentionné dans le film ; rencontre avec Sam Harris (Richard Whorf) avec lequel il co-produira pendant 20 ans de très nombreuses comédies musicales ; collaboration avec la célèbre chanteuse Fay Templeton (Irene Manning), que l’on voit interpréter plusieurs de ses chansons, comme 45 minutes from Broadway, Mary’s A Grand Old Name ou So Long, Mary.
Le succès interrompu qu’il rencontra jusqu’à sa retraite précoce au début des années 1920 est ensuite illustré par plusieurs séquences de music-hall où sont reprises quelques-unes de ses chansons les plus connues : Love Nest, Little Nellie Kelly, The Man Who Owns Broadway, Molly Malone, The Belle of the Barber’s Ball, oh You Wonderfull Girl, Little Johnny Jones.
Georges Cohan fut aussi un grand patriote, qui composa de nombreuses chansons glorifiant l’histoire et les valeurs américaines, dont les séquences de Yankee Doddle Boy, I Was Born in Virginia et You’re A Grand Old Flag donnent quelques exemples dans le film. Il est surtout resté célèbre pour avoir composé, pendant la première guerre mondiale, la chanson Over There en l’honneur des troupes américaines engagées en Europe, et qui deviendra un hymne officiel de l’armée des Etats-Unis.
Après sa retraite prématurée au début des années 1920, George Cohan reviendra à plusieurs reprises sur le devant de la scène au cours des années 1930. Il interprétera notamment, en 1937, le rôle d’un homme politique dans la comédie musicale satirique I’d rather be right, dont nous entendons dans le film l’une des chansons les plus célèbres, Strictly off the record.
Ce film magistral reconstitue de manière très vivante l’atmosphère des scènes de spectacles américaines du début du XXème siècle : petites troupe familiales de vaudeville itinérantes, grandes machineries scéniques du Broadway des années 1920… Il m’a également permis de découvrir l’immense talent de chanteur et de danseur de James Cagney, que je connaissais jusqu’ici surtout pour ses rôles de mauvais garçons dans les films noirs des années 1930 et 1940. Aussi à l’aise dans les danses de claquettes que dans la chanson patriotique, passant sans difficultés du petit vaudeville burlesque aux grandes scènes de ballet, son style rappelle assez fortement par moment celui de Gene Kelly.
Cagney nous offre aussi le portrait très convaincant d’un artiste-entrepreneur à la forte personnalité, fier de ses origines irlandaises mais profondément attaché à son pays, et dont l’oeuvre sut refléter l’énergie et l’optimisme du peuple américain de son époque.
Yankee Doodle Dandy rencontra à sa sortie un prodigieux succès auprès de la critique comme du public. Lauréat de quatre Oscars – dont celui, amplement mérité, du meilleur premier rôle pour James Cagney – il permit à son producteur, la Warner Bros, de réaliser au box office un record de recettes jusque-là inégalé par cette compagnie.
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.
Fabrice Hatem