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Cinéma de danse et de musique européen

Le bal (Bailando, Bailando)

ImageFilm musical de Ettore Scola, 1983, musique de Vladimir Kosma, France-Italie, 109 minutes.

Sur une piste de danse, quelque part en France, les couples silencieux se font et se défont tandis que résonnent les échos de la grande histoire – du front populaire aux années 1980 – et que se succèdent rythmes musicaux et modes vestimentaires.

ImageInspiré d’une pièce du Théâtre du Campagnol dirigé par Jean-Claude Penchenat, Le film met en scène, sur un mode burlesque, distancié, et volontiers parodique, la fonction sociale de la danse de couple, ou plus exactement les milles façons dont elle peut ou non favoriser les rencontres amoureuses entre hommes et femmes de tous calibres et de tous caractères : vieux et jeunes, pauvre et riches, grands et petits, timides et délurés, homos ou hétéros, femmes rangés et filles de mauvaise vie, résistants ou collabos, ringards ou branchés, flics ou voyous, tous sont venus là dans l’espoir de rencontrer l’âme sœur.

ImageMais combien d’obstacles avant d’y parvenir ! Femmes faisant éternellement tapisserie dans l’attente d’un invitation qui ne vient pas ; homme trop timide supplanté par un cavalier plus entreprenant ;  partenaires mal assortis ; danseurs trop exigeants, trop guindés ou trop maladroits ; traînée humiliée et maltraitée par son Jules…  Nous voyons défiler devant nous tout une ménagerie d’attentes déçues et de couples bancals, mimés avec talents – la pièce ne contient aucun dialogue par des acteurs insistant volontiers sur le ridicule d’un physique, d’un accoutrement ou d’une attitude.

ImageToute cette humanité caricaturale passe à travers les événements du siècle, dont les échos résonnent dans la salle de danse  à travers mille signes : une affiche du front populaire, un officier en uniforme allemand, les bruits d’un bombardement, des Gi’s en goguette, une bande de jeunes rockers ou de gauchistes. Mais même si l’histoire avance, les caractères et les sentiments restent par contre immuables. Solitude, timidité, gaucherie, prétention, mais heureusement aussi, bonheur partagé de la danse et extase de la rencontre amoureuse restent de toutes les époques…

ImageA chaque époque, sa musique. La bande sonore présente un pot pourri de la musique populaire de danse des années 1930 aux années 1980, avec un goût assez prononcé pour le kitch : variétés française ou italienne d’avant et d’après-guerre (pot-pourri de valses-musettes, Danse du tapis, La vie en rose, Amour castagnettes et  tango, Parlami  d’amore, Marilu,…), musique tropicale ou pseudo-exotique (Si tu vas à Rio, Pot-pourri de samba, tango La paloma), variétés et Rock américain des années 1950 (In the Mood, Boogie blues, Tutti frutti), musique pop (Michele), Disco (T’es ok)…

ImageDrôle et touchant, tissés de petites intrigues  attachantes, le film est très bien interprété par des acteurs transformistes dont chacun interprète plusieurs rôles. Il souffre cependant d’un décor un peu figé et de la répétitivité des scènes de danse qui peuvent provoquer par moment un sentiment d’ennui. D’autant que ce n’est pas la beauté de la danse que le film vise à mettre en valeur, mais plutôt la gaucherie et le ridicule des protagonistes.

ImagePeut-être Le Bal souffre-t-il d’avoir voulu transposer trop fidèlement à l’écran certaines caractéristiques de la pièce originelle (unité de lieu, choix du mime comme mode d’expression…), qui, si elle elles fonctionnent bien au théâtre, mutilent quelque peu l’expression cinématographique ?

Pour en savoir davantage sur Le bal, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner le film entier, cliquez sur :  Bal.

Fabrice Hatem

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