Film musical de Robert Z. Leonard, musique de Herbert Stothart et Busby Berkeley, avec Lana Turner, Hedy Lamarr, Judy Garland, James Stewart, Etats Unis, 132 minutes, 1941.
Trois jeunes femmes à l’existence jusque-là modeste, l’artiste de music-hall Susan Gallagher (Judy Garland), la chanteuse Sandra Kolter (Hedy Lamarr) et la groom d‘ascenseur Sheila Regan (Lana Turner) sont recrutées comme vedettes de la fameuse revue Ziedfeld Follies de Broadway. Leurs vies et leurs amours vont s’en trouver transformées. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Cet excellent film combine un scénario de grande qualité avec des numéros de scène exceptionnels, mettant en valeur la magie des grandes comédies musicales New-Yorkaises des années 1940.
Sous des apparences parfois un peu datées (Lana Turner en impeccable permanente platinée pendant sa scène d’agonie), le scénario possède la rigueur d’une expérience de laboratoire en psychologie appliquée.
Prenez trois jeunes femmes à la vie jusque-là relativement ordinaire, munies de compagnons masculins qui, sans être dénués de qualités, ont aussi d‘évidentes limites : le père de Suzan vieil artiste de music-hall sur le retour (Charles Winninger), le fiancé camionneur de Sheila (James Steward), le violoniste sans contrat compagnon de Sandra (Philip Dorn). Plongez-les brutalement dans le monde féerique du music-hall le plus célèbre du monde, avec ses succès grisants, son atmosphère de luxe, ses rencontres amoureuses et ses tentations, mais aussi le stress de son travail de répétition quotidien. Observez ensuite les changements de comportement du sujet et sa capacité d’adaptation à ce nouvel univers.
Le scénario – et c’est l’une de ses principales qualités – analyse pas à pas la manière dont chacune des trois héroïnes saura affronter ces défis. Sandra et Suzan resteront fidèles à leur famille et à leurs amours, permettant respectivement à leur vieux père et à leur amant musicien d’exprimer enfin leur talent sur une scène digne d’eux. Mais Sheila ne parviendra pas à maîtriser un succès trop écrasant pour elle et s’y brulera les ailes.
Chacune des trois interprètes principales met un talent de nature différente au service de son personnage : Judy Garland en adolescente pleine de fraîcheur et poésie, mais aussi excellente chanteuse (Laugh? I Thought I’d Split My Sides, I’m Always Chasing Rainbows, Ziegfeld Girls/You Gotta Pull Strings, You Never Looked So Beautiful, Minnie from Trinidad), Heidi Lamar en beauté hiératique au cœur fidèle, Lana Turner en vamp fragile s’illusionnant sur sa capacité à maîtriser son destin.
Le film vaut aussi par la beauté de ses scènes de music-hall : spectacles aux décors somptueux où rien n’est assez grand ni assez scintillant pour séduire le public (Ziegfeld Girls/You Gotta Pull Strings) ; duo comique à la verve ébouriffante (Mr. Gallagher and Mr. Shean) ; scène de danse mêlant Andalousie et Caraïbes dans un exotisme exacerbé où la caméra met en valeur la vivacité du mouvement (Minnie from Trinidad, version dansée) ; chansons d’amour romantiques (You Stepped Out of a Dream, Caribbean Love Song). Moins convaincante pour le public contemporain, la longue ouverture instrumentale sans images était alors fréquente dans les films de l’époque, sans doute dans le but de reproduire l’atmosphère des scènes de théâtre.
Sans être un triomphe, le film reçut a sa sortie un assez bon accueil du public. Quoiqu’un peu oublié aujourd’hui et éclipsé par son quasi-homonyme Ziegfeld Follies de Vincente Minnelli, dont l’intrigue décrit le même milieu à partir d’un parti-pris burlesque et joyeux, Ziegfeld Girl a cependant bien résisté au passage du temps et se revoit aujourd’hui avec plaisir.
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.
Fabrice Hatem