Film musical de Francis Ford Coppola, musique de John Barry, chorégraphie de Henry LeTang, avec Richard Gere, Gregory Hines, Diane Lane, Lonette McKee, Nicolas Cage, James Remar, Etats-Unis, 1984, 118 minutes.
Harlem, fin des années 1920. Au cabaret Cotton Club, les gangsters côtoient les artistes et les hommes politiques. Le musicien Dixie Dwyer (Richard Gere) et Vera Cicero (Diane Lane), respectivement protégé et maîtresse du dangereux gangster Dutch (James Remar), tombent amoureux d’un de l’autre. Mais le caïd n’apprécie guère leur liaison …
Cotton Club est d’abord une magnifique reconstitution du New York des années 1930, avec ses guerres des gangs, son climat de discrimination raciale, ses cabarets aux décors somptueux où se produisent danseurs de claquettes et orchestres de Jazz. Le scénario est rythmé par l’entrecroisement de deux intrigues principales : la lutte entre gangs irlandais, juifs, italiens et noirs pour le contrôle d’activités illégales, comme les paris clandestins de Harlem ; et l’histoire d’amour entre Dixie et Vera, qui cherchent à s’émanciper de la dangereuse tutelle et de la jalousie possessive de Dutch.
Cette trame de base est enrichie par plusieurs intrigues secondaires, comme l’aventure hollywoodienne de Dixie, qui devient vedette de cinéma en reproduisant à l’écran les comportements des gangsters qu’il a côtoyé à New-York ; la violente dérive criminelle du frère de Dixie, Vincent (Nicolas Cage) ; ou encore l’histoire d’amour qui se noue, dans les coulisses du Cotton Club, entre le jeune danseur de claquettes Sandman Williams (Gregory Hines) et la chanteuse Lili (Lonette McKee).
Les acteurs parviennent à donner à chacun des personnages principaux saveur et profondeur : Richard Gere en artiste digne et courageux souffrant d’être ravalé au rang d’homme de main d’un gangster ; Diane Lane en cocotte de luxe acceptant sa condition avec un cynisme amer ; Nicolas Cage en apprenti-gangster progressivement intoxiqué par sa propre violence ; et surtout Gregory Hines en chef de bande psychopathe portant la folie homicide sur le visage.
De plus, les reconstitutions des spectacles de night-club new-yorkais des années 1930 sont tout simplement sublimes : orchestres de jazz , bien sûr, avec l’inévitable Minnie the Moocher de Cab Calloway ; mais surtout, splendides numéros de danse, alternant Lindy hop, claquette, Charleston, Jitterbug : Crazy Rythm, Hot Hoofing, For Your Fantasy (final)…
Ce film de grande qualité, au coût impressionnant, a pourtant été un échec commercial retentissant, malgré un accueil dans l’ensemble assez positif de la critique. Faut-il incriminer le caractère un peu compliqué de l’intrigue, la mégalomanie des deux metteurs en scène successifs (Robert Evans et Francis Ford Coppola) entraînant de faramineux dépassement de budget, ou les démêlés financiers qui s’en sont suivis entre les producteurs ? Je ne sais, mais cet échec m’apparaît comme une grande injustice au regard de la valeur de cette oeuvre.
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.
Fabrice Hatem