Fiction musicale de Jim Sharman, musique de Richard O’Brien, avec Tim Curry, Susan Sarandon, Barry Bostwick, Richard O’Brien, Patricia Quinn, Etats-Unis, 1975, 96 minutes.
Un jeune couple assez conventionnel de l’Amérique profonde, Brad (Barry Bostwick) et Janet (Suzan Sarandon), se réfugie, pour échapper à un orage, dans un château isolé. Celui-ci est habité par des personnages étranges et inquiétants, dont le bossu Rif Raff (Richard O’Brien) et la vénéneuse Magenta (Patricia Quinn), domestiques du savant travesti Dr. Frank-N-Furter (Tim Curry). Celui-cherche, pour satisfaire ses besoins sexuels, à donner vie à une créature artificielle, homme physiquement très attrayant, Rocky. Notre couple « Mainstream » parviendra-t-il à se tirer de cette situation difficile ?
Adaptée de la comédie musicale de Richard O’Brien, The Rocky Horror Show, créée à Londres en 1973, ce film kitch et déjanté mélange, dans un salmigondi parodique de série B, les genres de l’horreur, de la science-fiction, du grand guignol, de l’érotisme transgressif, du dessin animé, et du rock acide, avec de très nombreuses références à des films fantastiques célèbres. Il fut un échec à sa sortie, mais a connu ensuite un engouement jamais démenti auprès d’un public de « fans » qui l’ont transformé en film-culte, se pressant encore aujourd’hui dans des séances nocturnes interactives, pour mimer depuis la salle, costumés et grimés, les différentes scènes.
Nouveau venu dans l’univers du Rocky Horror Picture Show, je dois dire que je ne partage pas vraiment cet enthousiasme.
Passons sur un scénario passablement foutraque, même si ce côté « Série B » était délibérément voulu et reflète la sensibilité libertaire et anti-conventionnelle de l’époque. Passons sur des décors assez trash, qui s’inscrivent naturellement dans l’esthétique de ce film un peu décalé. Passons sur la prestation contestable du chanteur-acteur principal, Tim Curry, empêtré dans un rôle plus que Rococo, qui le rend par moments presque ridicule dans sa sempiternelle guépière à jarretelles.
Ce qui n’a le plus chagriné, c’est la relative pauvreté de la partie musicale.
La danse tout d’abord, globalement peu présente, appartient pour sa plus grande part au registre de la bouffonnerie. Elle se résume à des mouvements d’ensemble sans grâce et parfois même désordonnés, interprétée de manière très approximative par une bande désassortie de figurants laids et mal fagotés (Time Wrap).
Quant à musique, elle est campée pour l’essentiel dans un univers de rock acide et décalé, interprété sur un rythme souvent survolté par des chanteurs à la voix aigue ou nasillarde (Time Wrap, Wild and Untamed Things), avec souvent des allusions sexuelles explicites (Touch a Touch me) et une tendance systématique à la provocation queer, surjouée par une Tim Curry sirupeux (I Can Make You a man, Sweet transvestite).
Cette fantaisie affichée ne compense pas, à mon avis, la relative manque d’inventivité et la lourdeur de la composition musicale.
Si Hot Patootie est un assez bon Rock traditionnel style années 1950, le Science Fiction/Double Feature du générique n’est qu’un morceau assez conventionnel et sans relief de Pop Mainstream.
Bref, je n’ai pas beaucoup aimé ce film.
Mais à vous de juger en visionnant les nombreux vidéos d’extrait musicaux que je vous propose en lien.
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.
Fabrice Hatem