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Films musicaux nord-Américains avant 1968

L’entreprenant monsieur Petrov (Shall We Dance)

ImageFilm musical de Mark Sandrich, musique de Georges et Ira Gershwin, chorégraphie de Fred Astaire et Hermes Pan, avec Fred Astaire et Ginger Rodgers, Etats-Unis, 1937, 116 minutes.

Peter P. Peters alias Petrov (Fred Astaire), célèbre danseur classique, tombe amoureux d’une vedette de music Hall, Linda Keene (Ginger Rodgers) et commence à la courtiser assidûment. Mais celle-ci est déjà fiancée à un milliardaire. Petrov parviendra-t-il tout de même à conquérir son coeur ?

ImageDe ce 7ème film (sur un total de 9) réalisé par le couple Astaire-Rodgers à la RKO, on peut dire à peu près la même chose que des autres : le scénario, passablement embrouillé, ne présente pas un grand  intérêt – même si les deux principaux interprètes ne sont pas dénués de réels talents d’acteurs – et l’œuvre vaut essentiellement par sa musique, ses chansons et ses chorégraphies.

ImageLes deux principaux personnages ressemblent fortement à ceux des films précécents : l’homme est un  artiste, bohème et romantique, élégant et séducteur, plein d’humour et  même d’une certaine dose d’autodérision, persévérant dans ses entreprises et prêt à employer toutes les ruses pour parvenir à ses fins. La femme est une beauté désirable, souvent elle-même artiste, et déjà attachée au début du film à d’autres liens sentimentaux plus ou moins solides. L’intrigue consiste à décrire les tactiques d’approches du monsieur, ses échecs initiaux, le changement progressif d’attitude de la dame, puis la succession de rebondissements et de quiproquos qui vont s’opposer à l’épanouissement de cet amour naissant, enfin l’inévitable « happy end » après un ultime suspense de dernière minute.

ImageCela devient à la longue un peu lassant et répétitif, surtout si l’on ajoute que les scénaristes ont une forte tendance à recycler d’un film à l’autre les mêmes rôles secondaires (par exemple l’ami fidèle, qui est aussi souvent l’impresario ou le directeur artistique du personnage incarné par Fred Astaire), fréquemment interprétés par les mêmes acteurs, et placés dans les mêmes situations comiques. On a donc tendance à appuyer sur la touche « avance rapide » pour regarder immédiatement ce qui fait le véritable intérêt du film, à savoir les scènes de danse et les chansons.

ImageSeule réelle nouveauté dans le scénario de Shall We Dance : l’intrigue du film (adaptation d’une comédie musicale crée en 1936 à Broadway, On Your Toes), met en scène la relation sentimentale entre un danseur de ballet classique et une danseuse de music-hall. Cette situation sert de toile de fond à une expérience de fusion entre les deux genres, aussi bien du point de vue musical que des chorégraphies. Cela donne au film une réelle originalité esthétique, même s’il me semble que Shall We Dance n’atteint pas tout à fait les sommets de films précédemment tournés par Astaire et Rodgers, comme Top Hat ou Swing Time.

ImageLa bande sonore permet d’entendre plusieurs excellents thèmes instrumentaux composés par Georges Gerswhin et interprétés par les membres de l’orchestre Jimmy Dorsey, comme l’ouverture (sur le générique) ou la séquence de Rumba. D’autres ont été coupés au montage, comme Dance of the Waves, Waltz of the Red Balloons, Graceful and Elegant, …

ImageParmi les solo dansés de Fred Astaire, on remarquera le court Rehearsal Fragments, au début du film, où le maître associe des pas de ballet classique à sa danse habituelle de style music hall. Tout de suite après, dans I’ve Got Beginner’s Luck, il effectue une danse comique de claquettes sur un disque rayé. Dans Slap That Bass, il interprète un fabuleux numéro de claquettes accompagné par un jazz band de matelots noirs et par le rythme des machines d’un navire.

ImageParmi les duos avec Ginger Rodgers, mentionnons l’anecdotique Walking the Dog où les deux danseurs promènent ensemble leurs chiens en cadence sur le pont d’un paquebot ; They All Laughed (at Christopher Columbus), un duo comique commençant en parodie de ballet et finissant par un numéro de claquettes ; Let’s Call the Whole Thing Off où deux artistes dansent… en patins à roulettes. Enfin, Dans Shall We Dance, Astaire commence la scène en compagnie d’un ballet de 20 femmes portant le masque de Ginger Rodgers, avant que la véritable Ginger ne se révèle pour danser avec lui le duo final.

ImageFred Astaire chante également plusieurs chansons romantique, comme Beginner’s Luck ou le Fox Trot They Can’t Take That Away from Me, appelé à devenir l’un de ses thèmes les plus immortels.

Le film reçut un bon accueil du public, un peu moins triomphal cependant que les films précédents, marquant la poursuite d’un léger déclin du duo, déjà entamé en 1935 avec Swing Time.

Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer. Pour visionner le film complet (version en domaine public), cliquez sur Part1 et Part2. Pour visionner les seules séquences de danse, cliquez sur : danse.

Fabrice Hatem

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