Film musical de Ruben Mamoulian, musique de Cole Porter et Conrad Salinger, avec Cyd Charisse, Fred Astaire, Janis Paige, Peter Lore, Etats-Unis, 1957, 117 minutes.
Une commissaire politique soviétique, Ninotchka Yochenko (Cyd Charisse), arrive à Paris pour rapatrier un compositeur russe célèbre qui s’attarde un peu trop dans notre capitale. Mais le metteur en scène américain Steve Canfield (Fred Astaire), qui a engagé celui-ci pour écrire la musique de son prochain film, ne l’entend pas de cette oreille. Il va donc tenter de séduire la belle révolutionnaire en lui faisant goûter aux plaisirs décadents de l’occident capitaliste. Mais l’amour est un jeu dangereux, où tel est pris qui croyait prendre…
Silk Stockings est l’adaptation d’une comédie musicale éponyme, créée à Broadway en 1955, elle-même inspiré du film Ninotchka (1937)oùGreta Garbo interprétait le rôle principal. Ce film agréable exhale pour les amoureux de la comédie musicale un petit parfum de nostalgie. Il fut en effet l’occasion de la dernière apparition à l’écran de Fred Astaire et Cyd Charisse dans des rôles majeurs de comédies musicales. Le relatif échec commercial du film signifia en effet clairement que le style incarné par un Fred Astaire vieillissant était désormais dépassé.
Et pourtant, les qualités de Silk Stockings sont immenses. C’est d’abord un film drôle, qui parodie aussi bien les travers du système communiste (Sweet Siberia, interprété par un burlesque trio de commissaires politiques russes mené par Peter Lore) que les illusions et la superficialité du show business américain (Stereophonic Sound, interprété en duo par Fred Astaire et Janis Paige). Le goût féminin pour le luxe y est comiquement décliné dans tous ses états, depuis la coquetterie revendiquée (Satin and Silk interprété par Janis Paige), jusqu’à la découverte de plaisirs jusque-là ignorés (Silk Stockings interprété par Cyd Charisse). Fred et Cyd y font une nouvelle (et presque ultime) fois la preuve de leur immense talent de danseurs (All of you et sa reprise ; The Red Blues, interprété par Cyd Charisse sur un amusant mélange de Jazz et de danse folkorique russe). Enfin, le public français appréciera l’hommage rendu tout a long du film à notre pays et à sa capitale à travers de très jolies chansons, romantiques (Paris loves Lovers) ou burlesques (Josephine).
Mais le temps a fait son oeuvre, les modes ont changé, et les chansons comme les chorégraphies manquent quelque peu de souffle. Cyd Charisse, très cocasse dans son rôle de commissaire politique guindée découvrant peu à peu les plaisirs frelatés de l’Occident, n’en n’est pas moins à contre-emploi pendant la moitié du film. Il faut attendre longtemps avant de la voir commencer à danser des solos charmants mais qui manquent de la puissance érotique de ses plus grands rôles (Bandwagon, Singin’ in the Rain). Fred Astaire, toujours bourré de talent, mais le visage fatigué, n’est plus très crédible à 58 ans dans le personnage de séducteur romantique inventé 25 ans auparavant. Ses duos avec Cyd Charisse manquent un peu de vigueur. Sa tentative à la fin du film d’adapter son personnage à la nouvelle mode du Rock’n Roll (The Ritz Roll and Rock) suscite un certain scepticisme malgré la qualité irréprochable de la mise en place. Il y écrase d’ailleurs, dans la dernière image, son fameux chapeau haut de forme, symbolisant ainsi la fin d’une époque – la sienne.
Mais quelle belle apothéose !!!
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipedia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.
Fabrice Hatem