Documentaire de Arturo Sotto, Cuba, Espagne, Cuba, 2009 (DVD en 2011), 42 minutes
Ce film, qui fait partie d’une série de cinq documentaires supervisée par Manuel Gutiérrez Aragón sous le titre général Historias de la música cubana, a pour ambition de nous proposer une réflexion illustrée sur le thème de la fusion musicale, avec pour fil directeur une discussion informelle entre quatre musiciens cubains : Sergio Vitier, Cesar Lopez, Zenaida Romeu et Yusa.
Son principal intérêt vient de l’abondance des images d’archive, parcourant près d’un siècle et de demi de danse et de musique populaires : Contredanse, Danzon, Mambo, Son, Cha Cha Cha, Pilon, Mozambique, chanteurs comme Ñico Saquito, Celeste Mendoza ou Eliades Ochoa, percussions afro-cubaines, orchestres mythiques comme le Septeto Ignacio Pineiro, prémisses de la timba contemporaine avec Irakere et Los Van Van, hip-hop avec le groupe Interactivo….
Plusieurs passionnants entretiens avec de grands artistes comme Antonio Arcanio (précurseur du Mambo) ou des musicologues comme Alejo Carpentier, nous replacent au cœur des processus créatifs conduisant à l’apparition de nouvelles formes musicales par transformation ou fusion des styles préexistants. Nous prenons ainsi la mesure du processus de recréation permanente qui est au cœur de la vitalité de la musique cubaine. Des passages particulièrement intéressants, illustrés par des exemples interprétés au piano, sont consacrés, sous la houlette des musiciens Odilio Urfe et Leo Brouwer, au processus d’évolution conduisant, sur une période de près d’un siècle, de la Contredanse au Danzon, puis au Mambo et au Cha Cha Cha.
Le thème de la fusion musicale est illustré par de nombreux documents d’archive parfois surprenants, comme le groupe Irakere Interprétant un Danzon, un duo entre Pablo Milanese et Miguel Cuni (incarnations respectives du Son montuno et de la Nueva Cancion), une descarga entre la guitare aux sonorités hispanisantes de Sergio Vitier et un percussionniste de musique afro cubaine moderne, ou encore une amusante Guarija interprétée par Eliades Ochoa avec la participation de la jeune chanteuse de Hip Hop La Fres Ka.
Par contre les discussions à bâtons rompus entre les quatre musiciens sont extrêmement superficielles, décousues et imprécises. Cette faiblesse compromet gravement la qualité du documentaire, dans la mesure où cette conversation était visiblement destinée à lui servir de fil directeur.
Je vous conseille donc de ne regarder Lo mismo se escribe igual que la télécommande à la main, en concentrant votre attention sur les documents d’archives et les interviews, et en zappant sans hésitation les scènes sans intérêt de bavardage autour d’une paëlla.
Fabrice Hatem
Pour plus de renseignements sur la série Historias de la Música Cubana : http://ww25.diverdi.com/portal/detalle.aspx?id=45448
Pour regarder quelques extraits du documentaire : http://www.cabaiguan.net/profiles/blogs/lo-mismo-se-escribe-igual