Documentaire de Sandra Padilla, Venezuela 2001 (?), 37 minutes
Née en 1936 à Santiago de Cuba, Guadalupe Victoria Yolí Raymond, diteLa Lupe fut l’une des chanteuses populaires cubaines les plus célèbres du milieu du XXème siècle. Provocante, excessive, elle a marqué la scène cubaine des années 1950 par sa vitalité volcanique et par une gestuelle suggestive au parfum de scandale.
En délicatesse avec un régime castriste soucieux de moralité, elle s’exila en 1962 de Cuba pour New-York. Elle y devint rapidement l’une des reines de la Latin Soul, enregistrant avec Mongo Santamaria et Tito Puente. Marginalisée dans les années 1970 par le succès de Celia Cruz et de la Fania, rongée par la drogue et l’alcool, elle partit pendant quelques années habiter Porto Rico où elle finit par être bannie des ondes du fait d’attitudes considérées comme indécentes. Entièrement ruinée, elle connut alors une période d’effacement et même de déchéance avant de retrouver un équilibre personnel dans l’adhésion à l’église évangélique. Elle est morte en 1992 dans le quartier du Bronx, a New-York.
Le film de Sandra Padilla nous propose un survol de la vie de cette artiste, appuyé sur de nombreux témoignages de contemporains, comme le grand auteur de chansons populaires Tite Curet, et d’historiens comme Rafeal Viera ou Roberto Perez Leon. Très riches en informations, il souffre cependant de l’insuffisante quantité d’images d’archives concernant la Lupe, notamment celles où on la voit chanter. Bref, c’est trop verbeux, et, par moments, presque ennuyeux.
De plus, je n’ai pas été entièrement convaincu par les qualités artistiques de la Lupe, dont les prestations vocales tiennent parfois autant du glapissement vulgaire que du chant. On peut comprendre que les gérants de la Fania lui aient préféré une Celia Cruz au psychisme plus équilibrée, à la vois plus posée, et aux nuances plus subtiles, pour tenir le rôle de vedette féminine de leur Label.
Les passionnés d‘histoire de la musique cubaine et de Latin Jazz New-Yorkais peuvent prendre le temps de visionner ce documentaire un peu poussif. Mais les autres catégories de salseros pourront s’en abstenir, sans dommage grave pour leur culture musicale et sans rien rater d’exceptionnel du point de vue artistique.
Fabrice Hatem
Pour consulter quelques extraits du film : https://www.youtube.com/watch?v=NReyhYHTWWc