Documentaires de Tato Quiñones, Cuba, 1994, env. 75 minutesCe DVD constitue la seconde partie d’une série de sept très intéressants documentaires sur les cultes afro-cubains, produits par l’organisation culturelle Mundo Latino. Il contient lui-même trois documentaires d’environ 25 minutes chacun.
Le premier, Obi Dilogún Ekuele, nous présente les systèmes divinatoires associés à la Regla de Ocha ou Santeria. Utilisant, selon les cas, des bouts de noix de coco ou des coquillages, les babalawos (prêtres) pratiquant le culte d’Orula, le dieu de la divination, apportent réponses et conseils aux croyants qui s’interrogent sur leur avenir. Après quelques explications sur les règles d’interprétation des signes, le documentaire nous fait comprendre la fonction de la divination dans le système de croyances de la Santeria. Dans un monde qui est l’enjeu d’une lutte entre influences négatives (Osobo) et positive (Iré Aché), la pratique divinatoire fournit au croyant des repères pour éloigner les premières et attirer la protection des secondes. Le film aborde également de manière incidente quelques autres thèmes dont certains auraient mérité un développement plus complet, comme les racines africaines (plus précisément nigérianes) des croyances Yorubas de Cuba, la formation des Babalowos, ou encore la passionnante tradition orale des Patakin, la très riche mythologie associée aux croyances religieuses de la Regla de Ocha. Il est illustré par des scènes de cérémonie, des interviews de Babalawos et de spécialistes des cultes afro-cubains, ainsi que par des extraits de chansons de Salsa contemporaines évoquant les croyances de la Santeria.
Le second documentaire, Omo Oricha, est essentiellement consacré au thème de la foi. Plusieurs babalawos décrivent tout d’abord, dans des témoignages souvent émouvants, le chemin personnel, parfois douloureux, qui les a conduit à placer la Santeria au cœur de leur existence. Un long passage est ensuite consacré à la médecine traditionnelle et aux pouvoirs magiques des plantes. D’intéressantes scènes d’herboristerie et de pèlerinages destinés à l’accomplissement d’un vœu ajoutent encore de l’intérêt au propos. Nous comprenons ainsi peu à peu, aidés par les explications des adeptes comme des spécialistes, que l’essor actuel de la santeria à Cuba naît de la rencontre de deux facteurs : le besoin, profondément enraciné en l’Homme, de croire en une forme de transcendance et l’attitude spontanée d’identification à l’héritage culturel de l’île.
Le troisième documentaire est consacré aux cérémonies de célébration des Dieux de la Santeria, les Orishas. Appelés Wemilere, celles-ci incluent des danses, des chants et des jeux de tambours. Après un très rapide rappel de quelques fondamentaux (le panthéon Yoruba, le syncrétisme afro-catholique, une présentation des tambours sacrés Bata), le film est essentiellement constitué d’une succession de séquences de danses et de chants, dont chacune est consacrée à l’un des principaux Saints : Elegba, Ochun, Yemaya, Oggun, Chango, Babalu Aye, Oya, Obatala. Interprétées avec talent par une troupe réunie par l’agence Turarte, elles sont illustrées de quelques commentaires rappelant les principales caractéristiques de la divinité ainsi que la symbolique des mouvements de danse.
Cet ensemble de petits documentaires à la fois instructifs et passionnants, illustrés par un matériel audio-visuel de qualité exceptionnelle, nous fait pénétrer de manière très vivante au cœur de la Santeria dans ses différents aspects. A recommander à tous les publics, du néophyte complet au spécialiste averti.
Fabrice Hatem
Renseignements : mundolat@enet.cu