Ensembles de documentaire de Andrès Irigoyen, Argentine, 2004, environ 100 minutes (hors extras touristiques)
Tous les ans se tient à Buenos Aires le «Championnat mondial de Tango ». Rassemblant des centaines de lauréats des concours nationaux organisés à cette occasion, Celui-ci comporte deux catégories : tango de scène et tango de salon. Plusieurs autres événements accompagnent les épreuves proprement dites : concerts, conférences expositions, milongas, etc. Un DVD retraçant les moments forts du championnat est ensuite édité.
C’est le DVD 2004 que je présente ici à titre d’exemple. Il est lui-même composé de plusieurs film : un documentaire général sur la manifestation ; des extraits des épreuves des deux principaux concours ; les images du grand concert en plein air donné sur l’Avenida de Julio, en face de l’obélisque ; et quelques courts-métrages touristiques sur l’Argentine.
Malgré une introduction un peu grandiloquente, le documentaire sur le championnat nous fait partager l’émotion des 300 participants venus de tous les pays du monde par amour du tango. Des images des différentes étapes des concours – arrivée de candidats, semi finale, finale – sont entrecoupées d’entretiens avec quelques couples. Cette mère et son fils venus d’Espagne, ces deux jeunes colombiens autodidactes, ce couple de vieux danseurs argentins apparemment unis par un amour plus fort que le temps, nous proposent autant de facettes de la passion pour le 2X4. Nous nous réjouissons avec eux de leurs succès, nous partageons la tristesse de ceux qui ont été éliminés.
Les deux films consacrés aux compétitions proprement dites présentent l’intérêt de nous faire apprécier deux groupes d’excellents danseurs, chacun dans leur catégorie. Cependant, les images du concours de tango de salon sont montées de manière un peu trop hachée pour nous permettre de bien observer un couple particulier. Quant à la compétition de tango de scène, si les danseurs sont d’un niveau technique souvent excellent, l’intériorité et la fraîcheur du sentiment souffrent un peu des exigences de la situation (montrer en un laps de temps très bref une danse qui impressionne le jury). D’où parfois un tango trop « show off » à mon goût pour emporter totalement mon enthousiasme.
Enfin, l’enregistrement du grand concert de l’Avenue de Julio constitue un document de grande valeur, réunissant un très large éventail des meilleurs artistes argentins du moment : Adriana Varella à la voix sombre et rocailleuse ; Ruben Juarez chantant un duo d’amour exalté et déchiré avec son bandonéon ; Carlos Garcia dirigeant son Orchestre de Tango de Buenos Aires au son malheureusement un peu brouillé ; Carlos Copelo au style de danse à la fois élégant et piccaresque ; Maximiliano Guerra et sa troupe de danseurs dont la réinterprétation contemporaine du tango m’a semblé mieux préserver l’essence de ce style que les recherches avant-gardistes de Julio Bocca ; orchestre El Arranque rassemblant quelques-uns des musiciens de la jeune génération les plus solidement enracinés dans la tradition tanguera ; Luis Salinas jouant à la guitare électrique un tango-Jazz planant et sensuel …
Au total, il s’agit là d’un coffret de grande qualité, à la fois comme expression d’un moment d’amour partagé pour le tango, et comme témoignage de l’actualité artistique portègne.
Fabrice Hatem
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