Comédie musicale de Robert Wise, sur un livret de Oscar Hammerstein II et Richard Rodgers, avec Julie Andrews, Christopher Plummer, 1965, Etats-Unis, 174 minutes.
Autriche, fin des années 1930. Dans la région de Salzbourg, une jeune novice fantasque, Maria (Julie Andrews), visiblement peu faite pour la vie austère du couvent, est placée comme gouvernante auprès des sept enfants d’un militaire veuf, très strict sur la discipline, le capitaine-baron Georg Von Trapp (Christopher Plummer). Un amour naît peu à peu entre ces deux êtres si différents, que rapproche cependant leur goût pour la musique, également partagé par les enfants qui forment une chorale familiale. Mais le nazisme menace….
The Sound of Music constitue l’adaptation à l’écran d’une comédie musicale éponyme, créée à Broadway en 1959.
Celle-ci a été elle-même inspirée par le livre autobiographique de Maria Augusta Trapp, La Famille des chanteurs Trapp.
Ce film à l’eau de rose est détenteur d’un palmarès impressionnant de récompenses académiques.
Il a aussi été, paraît-il, l’un des plus grand succès de box-office de toute l’histoire du cinéma américain.
Personnellement, je ne comprends pas très bien pourquoi.
Passons sur le scénario, qui réalise la performance de transformer en une fiction invraisemblable et d’une abyssale mièvrerie l’émouvante histoire véridique dont il est inspiré. Le contraste entre la fantaisie de la gouvernante et l’austérité du baron paraît totalement factice dès la première scène. Le changement inexpliqué d’attitude de ce dernier, qui après quelques séquences, devient subitement débonnaire et souriant, défie toutes les lois du réalisme psychologique. La description de la turbulente nichée infantile et de sa connivence avec une gouvernante affectueuse et protectrice face à un père rigide est bourrée de clichés exaspérants. Quant à la représentation des Autrichiens de l’époque comme un peuple presque exclusivement composé d’antinazis hostiles à l’Anchluss, elle m’a laissé plus que dubitatif.
Mais au fond, peu importent, dans une comédie musicale, les faiblesses du scénario si la musique est bonne et si la danse est belle. Or, de danse, il n’y en a pratiquement pas. Quant à la musique, elle se compose de quatre catégories également décevantes : des bluettes romantiques chantées par Maria sur une voix exaspérante de gentillesse (The Sound of Music, I Have Confidence..) ; des chœurs ou chansons dégoulinantes de bonnes intentions interprétées par les religieuses du couvent (Morning Hymn, Climb Ev’ry Mountain, Processional) ; des chorales enfantines (Sixteen Going on Seventeen, My Favorite Things, Do-Re-Mi, So Long Farewell, The Lonely Goatherd) accompagnées, selon les cas, par la guitare très sèche de Maria ou par un indigeste brouet d’orchestre symphonique ; enfin, un duo romantique de Maria et du capitaine (Something Good), mielleux jusqu’à l’écœurement, et qui achève de déprimer le spectateur mélomane.
Certes, on est parfois séduit par les très belles images de montagnes et de châteaux qui parsèment le film. On peut aussi comprendre que les bons sentiments qui y sont exprimés ait pu séduire un public familial traditionnel. On doit enfin reconnaître que certaines comptines (Do Ré Mi) ont animé dans les années 1960 les feux de camps de millions de scouts louveteaux et jeannettes.
Mais, pour le spectateur de 2014, le diagnostic est sans appel : le film a affreusement mal vieilli, apparaissant aujourd’hui comme une caricature inepte des bons sentiments finalement très conventionnels qu’il voulait exprimer, trois ans avant la grande révolution libertaire de 1968.
L’examen de cette épave artistique fait aussi prendre la mesure de l’évolution radicale des mœurs et partant, des attentes du public occidental au cours des 50 dernières années.
Fabrice Hatem
Pour en savoir davantage sur le film, consulter la fiche Wikipédia. Pour visionner la bande-annonce, cliquez sur : Trailer.