Fiction anglo-franco- brésilienne de Carlos Diegues, 1996,115 minutes
Après vingt-cinq ans d’absence, Tieta revient, fortune faite, dans son bourg natal, qu’elle avait du quitter honteusement après avoir fauté avec un homme. A la grande déception de sa famille, qui se voyait déjà hériter de sa fortune, elle est accompagné de sa belle-fille et potentielle héritière. Leur arrivée va déclencher dans cette petite ville endormie un maeström d’évènements tragi-comiques liés à la personnalité bouillonnante et excentrique de Tieta.
Cette adaptation très réussie d’un roman célèbre de Jorge Amado est servie à la fois par un montage très rythmé qui entremêle en permanence plusieurs intrigues toutes plus loufoques l’une que l’autre, et par l’interprétation ébouriffante de Sonia Braga, dans le rôle d’une Tieta au tempérament volcanique.
Avec celle-ci, on va de surprise en surprise, depuis le moment où elle sort, sur la place poussiéreuse du village, de sa magnifique voiture de sport, coiffée d’un gigantesque chapeau multicolore, les mains pleines de cadeaux pour sa famille. Une famille bien décidée à profiter de l’aubaine : sa sœur aînée confite en dévotions, qui négocie âprement avec Dieu, dans ses prières, l’octroi de quelques miracles financiers en échange de messes chantées ; son père, si désireux de mettre sa fille Tieta à contribution pour récupérer la prairie à chèvres vendue quelques années auparavant à l’homme fort du village, le colonel.
Bonne fille, Tieta a le carnet de chèques facile pour ses proches. Mais, animée aussi d’un fort tempérament amoureux, elle n’hésite pas a mettre dans son lit son bênet de neveu qui, s’il se destine à la prêtrise, n’en n’est pas moins un beau jeune homme bien bâti. Elle s’active aussi pour favoriser les amours du timide secrétaire de marie avec sa godiche de belle-fille, tout en rendant enfin possible l’électrification du village, retardée depuis des années, par un simple coup de fil au sénateur, qui est aussi l’un des meilleurs clients de son « magasin » de Sao Paolo et de ses jolies « vendeuses ».
Le reste, entre parties de campagnes sur une plage de rêve, manigances d’une société chimique pour implanter une usine polluante à l’endroit même ou Tieta a décidé de faire construire sa jolie maison, et colère d’anthologie de notre héroïne lorsqu’elle apprend que son neveu, élève finalement assez talentueux, l’a trompée avec une jeune bergère, n’est qu’un pur délices de rebondissements cocasses et coquins… Jusqu’à ce que la révélation de l’origine honteuse de la fortune de Tieta (dont, à vrai dire, le spectateur se doutait depuis déjà un bon moment) ne provoque un nouveau drame….
Cette comédie décoiffante, menée à un train d’enfer par Sonia Braga, est une véritable cure de bonne humeur et de joie de vivre, à savourer toutes affaires cessantes …
Fabrice Hatem
(Vu au festival Filmar en Americalatina, à Genève, le mercredi 21 novembre 2012)
www.filmar.ch