Fiction de Bruno Baretto, Brésil, 1976, 110 minutes
Salvador de Bahia, années 1940. Dans un paisible quartier bourgeois, une jeune veuve pleure son époux subitement décédé, qui était à la fois un mari exécrable et un merveilleux amant. Buveur, joueur, noceur, coureur, menteur, paresseux, parfois violent, il savait faire oublier tous ses défauts par un romantisme flamboyant et surtout par des talents érotiques qui satisfaisaient pleinement les besoins sensuels de son épouse.
Après un long deuil, celle-ci finit par se remarier avec le pharmacien du quartier, qui, excellent époux mais amant très médiocre, s’oppose point par point au premier mari. Travailleur, fidèle, attentionné, économe, et même bon musicien, il offre à Doña Flor la vie bien réglé dont elle rêvait. Mais c’est aussi une personnalité un peu ennuyeuse, qui se met immédiatement à ronfler après avoir rapidement accompli, toutes lumières éteintes, le devoir conjugal. Fort heureusement, un événement imprévu et miraculeux va permettre à Doña Flor de trouver enfin un bonheur complet.
Cette charmante comédie, inspirée d’un roman de Jorge Amado, recrée de manière très vivante l’atmosphère du Bahia des années 1940, mélange de provincialisme guindé et de sensualité tropicale. Mais elle constitue surtout une délicate exploration des ambiguïtés et des contractions d’une âme féminine, tiraillée entre rêves érotiques et aspirations à une vie domestique bien réglée. Elle est magnifiquement servie par l’interprétation toute en finesse de Sonia Braga, que ce film révéla au public international.
Fabrice Hatem
(Vu au festival Filmar en America latina, à Genève, le samedi 24 novembre 2012)