Fiction de Fernando Meirelles, Katia Lund, Brésil, France, 2002, 130 minutes
Basé sur une histoire vraie, le film nous entraîne avec une force irrésistible dans la violence des gangs d’une favela de Rio de Janeiro, la cité des dieux. A travers un enchaînement de flash-backs extrêmement bien rythmé, elle fait suivre les histoires parallèles de plusieurs habitants de cette cité d’urgence construite dans les années 1960, et devenue au fil des ans l’un des endroits les plus violents de la ville, théâtre dans les années 1980 d’une terrifiante guerre des gangs sur fond de trafic de drogue et de corruption policière. Le narrateur, Buscapé, deviendra, après avoir hésité entre violence et photographie, un journaliste connu pour avoir rapporté d’incroyables clichés de ces événements. Quant au principal protagoniste, Ze Pequeno, un psychopathe criminel qui fait régner sa loi sur le quartier après avoir éliminé avec une sauvagerie inouïe les gangs rivaux, il tombera victime de sa propre folie meurtrière.
Cette épopée sanglante transmet avec une grande efficacité un sentiment d’horreur et de désespoir. Dans ces favelas minées par la violence croisée des gangs et de la police, l’honnête et l’humanité ne semblent pas avoir leur place. L’amour, la famille, la beauté, sont constamment à la merci d’une bande de psychopathes surarmés, vivant dans un univers d’ignorance et de saleté. Les quelques personnage positifs, aspirant à une vie calme et tranquille, sont eux aussi fatalement entraînés dans un vertige de crime et de mort. A chaque génération, les jeunes délinquants semblent un peu plus détraqués, plus armés, plus sanguinaires. Le spectateur est littéralement scotché sur sa chaise par cette vision terrifiante du Brésil d’aujourd’hui.
Fabrice Hatem
(Vu au festival Filmar en America latina, à Genève, le vendredi 23 novembre 2012)
www.filmar.ch