Dimanche 22 juillet 2012
Le Barrio latino est l’un des plus beaux lieux de danse tangueros et salseros de Paris.
Mais c’est aussi un endroit assez commercial, avec les inconvénients et les avantages que cela implique.
Avant de devenir en 1999 un lieu de loisirs nocturnes à l’ambiance latino, le Barrio latino fut longtemps l’un des plus grands magasins de meubles de Paris : les établissements Gouffé. Le bâtiment a été conçu par le célèbre architecte Gustave Eiffel, dans un style typique de la Belle époque : une charpente métallique très solide permettant la présence de larges fenêtres, qui donnent à la façade l’allure d’une immense verrière.
Cet immeuble de quatre étages, reliés par un magnifique escalier classé, est organisé autour d’une sorte de patio intérieur. Lorsque l’on lève les yeux depuis le rez-de-chaussée, au centre de la piste de danse, la vision des trois rangées rectangulaires de balustrades vermeilles et dorées, surmontées d’une grande verrière, donne le sentiment de se trouver au fond d’un puits de lumière.
Le Barrio latino propose des activités de restauration et de loisirs à ses différents étages tout au long de la semaine. Mais c’est au rez-de-chaussée que l’on y danse le tango (le samedi après midi) et la salsa (plutôt cubaine le lundi soir et plutôt portoricaine le dimanche après-midi). Des évènements organisées par David Lartist, qui propose également par ailleurs des soirées Salsa le Jeudi au Balajo.
Le rez-de-chaussée est lui-même divisé en deux belles salles, offrant aux danseurs deux types de confort complémentaires. Tout de suite après être entré, on se trouve dans la salle principale : une piste de danse de 250 mètres carrés environ, située exactement en dessous du « puits de lumière » dont j’ai parlé plus haut. Celle-ci est respectivement encadrée, sur ses quatre côtés, par le réduit du Dj, environnée de quelques divans, par le long et somptueux comptoir du bar, par une très profonde alcôve où se trouvent de nombreux sofas disposés de manière à pouvoir s’isoler entre amis, et par le grand escalier monumental. C’est sur et autour de cette piste que se rassemble habituellement la quasi-totalité des danseurs et du public.
Derrière l’escalier, deux corridors conduisent à une deuxième salle, de taille plus réduite mais tout de même imposante – près de 100 m2 dansables, avec un petit bar habituellement fermé. Elle est en général presque déserte, c’est-à-dire occupée seulement par une dizaine de personnes assises et deux ou trois couples de danseurs.
Voila pour la description des locaux. Passons maintenant aux points positifs et négatifs du lieu pour le consommateur. Tous découlent du caractère très professionnel et commercial de l’organisation.
Commençons par les avantages : c’est un lieu superbe et vaste, impeccablement entretenu, où l’on trouve toujours la place de danser sans être gêné par la cohue. La sonorisation est excellente, et les Dj s’acquittent tous parfaitement de leur tâche (celui du lundi soir, DJ Janoy, met un peu trop de timba dura et de reggaeton à mon goût, mais cela est une affaire de préférences personnelles). La lumière, ou plutôt la pénombre aux reflets mordorée, est vraiment très belle, créant un agréable climat d’intimité. Lorsque l’on est fatigué de danser, on peut toujours dénicher un endroit agréable pour s’asseoir, selon l’humeur, en face de la piste de danse ou dans un recoin plus intime.
On peut aussi, si l’on veut danser plus tranquillement que sur la piste principale, choisir de se réfugier dans la salle du fond, habituellement presque déserte. Une ressource particulièrement appréciable le dimanche, après-midi, lorsque de très nombreux amateurs de salsa portoricaine se bousculent dans le grand salon.
Enfin, le quartier de la Bastille étant fort animé, on peut agréablement commencer ou terminer la soirée par un diner dans un bar à tapas ou dans un cinéma des environs.
J’ai de ce fait passé quelques moments sympathiques au Barrio, surtout pendant les après-midi tango du samedi où je retrouve la « bande » des afficionados du 2X4 qui écument les milongas parisiennes tout au long de la semaine. Et où j’échange aussi quelques mots amicaux avec le Dj, Pablo Pensavalle, par ailleurs contrebassiste de tango bien connu du public parisien.
Passons maintenant aux inconvénients. Tout d’abord, les soirées ne sont pas bon marché, surtout si l’on ajoute au prix d’entrée (7 euros), les consommations au bar, rendues presque indispensables, au bout d’une heure, par la pratique de la danse.
Ensuite, l’accueil est inexistant. A l’entrée, les soirs de salsa, on trouve des vigiles, qui ont pour fonction principale de filtrer les intrus et les indésirables. Ce n’est pas forcément un mal, mais cela se traduit par un petit interrogatoire systématique, et parfois, par une queue sous surveillance qui ne contribuent pas à créer un climat de convivialité. Dans le vestibule, la caissière vous déleste ensuite de quelques euros. Dans la salle principale, le Dj est cloîtré dans un petit réduit, pratiquement coupé des danseurs. Quant aux serveurs et aux barmen, ils sont efficaces, mais distants et anonymes. Donc, surtout en salsa, personne parmi les organisateurs pour vous reconnaître, pour vous dire un petit mot de bienvenue, pour vous guider si vous êtes néophyte…
Par ailleurs, aucune programmation culturelle – orchestre, exposition, ni même démonstration de danse – ne vient interrompre la monotonie de la musique enregistrée. Normal : ce qui intéresse avant tout les propriétaires du lieu, ce n’est pas de promouvoir une culture, mais de faire consommer des loisirs et des produits payants.
Enfin, la pénombre ambiante, surtout pendant les soirées de salsa, fait qu’il est difficile de lier connaissance ou d’inviter des personnes nouvelles. Il vaut donc mieux, comme dans les auberges espagnoles, amener avec soi ses partenaires si l’on veut danser.
Bref, au Barrio latino, on danse agréablement, mais de manière assez formatée. Au bout d’une heure ou deux de trémoussement au milieu de la piste, entrecoupé d’une un deux consommations tarifiées, on repart, délesté d’une vingtaine d’euros, mais ni plus cultivé, ni plus riche d’amitiés nouvelles, ni meilleur danseur que l’on y était entré. C’est de la consommation commerciale de loisirs à l’état pur, surtout les jours de salsa. On aime ou on n’aime pas. Personnellement, je n’aime pas beaucoup, mais à chacun, bien sur, de forger son propre jugement…
Fabrice Hatem
Le Barrio Latino
Adresse : 46, rue du faubourg Saint Antoine, 75012 Paris.
Téléphone : 01 55 78 84 75.
Web : http://www.buddhabar.com/new/barrio.php
Animations :
– Cours de tango le samedi, de 13h30 à 15h puis milonga de 15h à 19h
– Cours de salsa le dimanche, de 14h à 15h30 puis bal de 15h30 à 19h30.
– Cours de salsa cubaine le lundi de 20h à 22h puis soirée de 22h à 2h