Pour consulter une traduction de cette chanson, cliquez sur le lien suivant : enganadora.
Composée en 1951, La Engañadora est entrée dans l’histoire de la chanson cubaine comme le premier exemple de Cha-cha-cha. Dans une intéressante interview datée de 1981, son auteur, Enrique Jorrín, explique comment il est progressivement parvenu à la forme utilisée dans ce thème, donc à l’invention du Cha-cha-cha, en faisant évoluer le style traditionnel du Danzón en trois étapes successives : 1) insertion de petites parties chantées (alors que le Danzón est seulement instrumental) ; 2) transformation de la structure du Danzón pour donner une place centrale à ces parties chantées ; 3) simplification du rythme du Danzón, et notamment suppression de certaines syncopes, de manière à permettre aux danseurs de régler leurs pas sur les temps forts de la musique et de faire l’économie de pas difficiles en contretemps. Le succès de ce Danzon « relooké » en Cha-cha-cha fut, comme on le sait, fulgurant.
Comme dans beaucoup de chansons cubaines traditionnelles, les paroles de La Engañadora sont basées sur une petite anecdote mettant en scène les personnages de la rue. Ici, c’est une jolie femme qui cherche à attiser le désir masculin en bourrant son corsage de chiffons, mais voit sa ruse éventée. Enrique Jorrín raconte lui-même comment il tira son inspiration d’un personnage réel : une très belle femme dont le passage suscitait immanquablement une très forte agitation au sein de la population masculine du quartier de Centro-Habana, celui-là même qui constitue le décor de la chanson.
Je vous propose d’écouter La Engañadora dans l’interprétation de l’orchestre America de Enrique Jorrin, tout en lisant ma traduction.
Fabrice Hatem