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Chansons de Son et Boléros traditionnnelles

La mujer de Antonio

matamoros1 Pour lire une traduction de cette chanson, cliquez sur le lien suivant : mujer.

Le Son « La mujer de Antonio » fut composé par Miguel Matamoros en 1929. Comme beaucoup d’autres chansons de cet auteur, elle prend l’aspect d’une véritacle chronique sociale et politique[1], emplie d’une verve chansonnière et satirique.

En quelques vers sont ainsi décrit deux personnages bien caractéristiques des quartiers populaires de Santiago : d’une part, la voisine un peu médisante qui épie les gens et se moque de leurs travers ; d’autre part, la jeune santiaguera coquète et flirteuse, qui se déhanche dans les rues de manière un brin provocante.

La femme d’Antonio, cependant, n’est qu’un personnage imaginaire (voir lien). La première version du texte faisait en effet référence à la petite chienne de la chanteuse mexicaine Celia Montalbán, alors de passage à Santiago de Cuba, dont la démarche était un peu bizarre. Son premier vers était en effet le suivant : « La chienne de Celia trottine comme ça ». Mais Miguel Matamoros décida de transformer la chanson afin de la rendre plus compréhensible et mieux adaptée aux attentes du public Santiaguero. Et c’est ainsi que « La chienne de Celia » devint « La femme d’Antonio ».

La référence à Gérarldo Machado, dictateur des années 1930 haï par une bonne partie de la population cubaine, prend quant à elle une résonnance politique (voir lien). Miguel Matamoros fait ainsi la satire, dans le second couplet, de la politique populiste de Machado, qui consistait en gros à acheter la silence de la population par des livraisons de nourriture à bas prix. Est-ce pour cette raison que manquent les deux vers les plus compromettants – victimes sans doute de la censure – dans l’interprétation du Trio Matamoros que je vous propose d’écouter plus loin ?

La femme de Antonio a connu depuis sa naissance, il y a plus de 80 ans, une très brillante carrière artistique. Interprétée par de très nombreux orchestres, elle s’est régulièrement adaptée à l’évolution des styles musicaux cubains. En témoignent deux interprétations récentes de ce théme, l’une dans une sonorité très « Son » par l’orchestre Los Sabalos, l’autre dans une version plus proche de la timba cubaine par l’orchestre Dan Den.

Je vous propose pour conclure d’écouter ce thème dans une interprétation du Trio Matamoros, tout en lisant ma traduction.

Fabrice Hatem


[1] Voir sur ce thème une intéressante interview de Juan Formell, fondateur du groupe Los Van Van.

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