Editeur : La Salida n°48, Avril-Mai 2006
Auteur : Philippe Stainvurcel
Commençons par le premier album de l’orchestre El silencio emmené par treize musiciens. Il est de qualité et sa subtilité suggère autant la danse que l’écoute. On peut y entendre une version originale de Negracha et une belle finesse d’interprétation des valses Caserón de tejas et Romance de barrio. Bravo pour ce coup de maître.
Silencio, Silencio orquesta de tango (2005)
www.silenciotango.com
Après le magnifique Aqui y Ahora du mois dernier, nous avons le plaisir de saluer à nouveau le travail de Gustavo Gancedo qui nous revient avec un album solo à la guitare. C’est un fort plaisir que d’écouter l’homme et l’instrument dans ce moment d’intimité. L’intérêt de l’album est de nous donner à entendre la diversité culturelle de l’Argentine à travers des tangos, valses et milongas, bien sûr mais, aussi des chamamés, des zambas et des chacareras. Le répertoire traditionnel alterne avec les propres compositions de Gustavo Gancedo, ce qui est à remarquer. Ce sera notre coup de coeur du mois.
Gustavo Gancedo, Guitarra argentina, (2005) gustavo@ggancedo.com
Coup de chapeau au dernier album de l’orchestre Color Tango dirigé par Roberto Alvarez en compagnie du chanteur Eduardo Espinoza. La qualité des interprétations de celui qui fut « premier bandonéon » dans l’orchestre d’Osvaldo Pugliese en 1989 ne se dément pas ; l’inspiration est bien là. Remarquons la reprise de Troileana de Daniel Lomuto ainsi qu’une version intimiste de Solfeando de Mario Demarco. Il est toujours un régal d’entendre Chacabuqueando de Roberto Alvarez qui est le nom du village où il est né. La voix profonde d’Eduardo Espinoza s’inscrit dans la filiation de la puissance des chanteurs qui ont longtemps accompagné Osvaldo Pugliese tel Abel Cordoba.
Yunta Brava, Orquesta Color Tango de Roberto Alvarez y la voz d’Eduardo Espinoza, 0598-02, epsa music, disponible à la fnac, Virgin et aussi avec www.tangomiamor.com
Signalons la dernière parution de la collection El Bandoneón qui est dédié à Alfredo de Angelis. La sélection recouvre la période de 1943 à 1952. On y retrouve l’élégance de ses interprétations admirablement servie par Carlos Dante et Julio Martel qui cette fois ne chantent pas en duo ; on y entend aussi Floreal Ruiz – ce qui est plutôt rare et donc bienvenu – et Oscar Larroca. Remarquons la milonga très swingante qui ouvre la sélection : Buenos Aires de Ayer introduite par Nestor Rodi et chantée par Julio Martel.
Alfredo de Angelis, Acordes Porteños, EBCD no 156, année 2005.
Le disque du mois est incontestablement le premier album de l’orchestre Hyperion issu des performances aux festivals de Turin entre 2000 et 2005. L’orchestration est puissante et subtile, faisant sa place aux chanteurs. Une filiation pourrait se dégager entre Francini, Pontier et Osvaldo Pugliese et on reconnaît la touche de Daniel Binelli avec qui ils ont d’ailleurs collaboré avec bonheur. Ceci leur permet aussi de s’aventurer sur les terres piazzolliennes. L’ensemble permet la danse et l’écoute et nous ravit complètement. On pourra les voir et les écouter au grand bal annuel de l’association Le Temps du Tango le samedi 8 avril 2006 (voir Pub p.31).
Buenos Aires Hora cero, Hyperion live in Torino Tango festival 2000-2005
ensemblehyperion@virgilio.it
Philippe Stainvurcel