La musique existait dans pratiquement tous les corps de l’armée impériale. Mais elle comprenait deux catégories très distinctes de personnels : d’une part les musiciens proprement dits, à la fonction plutôt décorative, et d’autre part les instrumentistes aux fonctions strictement militaires.
Les musiciens de régiments et d’Etat-major n’étaient pas des soldats à proprement parler. Leur nombre pouvait largement varier selon les choix du chef d’unité. Ils étaient payés, non par la solde réglementaire, mais par une sorte de salaire, prélevé sur la caisse du régiment, et fixé par libre accord avec l’employeur (en l’occurrence le colonel).
Ces musiciens, très en vue lors des parades, ne participaient pas aux opérations militaires proprement dites. Les jours de batailles, ils se tenaient le plus souvent à l’arrière, ce qui leur valut le sobriquet, peu flatteur à l’époque, de « loins des balles ». Ils pouvaient cependant, à l’occasion, secourir les blessés ou participer à l’approvisionnement en munitions des combattants.
Les principaux instruments présents dans un corps de musique étaient la clarinette, la flûte le cor, le basson, le trompette, le trombone, le serpent, la grosse caisse, les cymbales, la caisse roulante et le chapeau chinois.
En principe, les musiciens portaient un uniforme réglementaire assez sobre : habit bleu sans revers et bicorne bordé d’or. Mais leurs costumes étaient bien souvent beaucoup plus fantaisiste, aussi bien dans l’infanterie que dans la cavalerie : pelisses et dolmans richement ouvragés, habits et ceintures multicolores couvre-chefs très variés (colback, chapszka, bonnets et bicornes)… Les chefs de musique et tambours majors, très en vue à la tête de leur régiment, étaient habillés de manière particulièrement chatoyante.
Parmi les musiques régimentaire d’infanterie les plus prestigieuses, on peut citer les musiciens du 1er régiment de grenadiers à pied, dont l’uniforme assez strict était composé d’un long habit-basque bleu à retroussis rouge et passepoil doré, d’un pantalon et d’un revers blancs, et d’un bicorne noir agrémenté d’un plumet blanc.
Dans la cavalerie, c’est sans doute les musiciens des chasseurs à cheval de la garde, avec leur colback blanc, leur dolman bleu ciel et leur pelisse rouge bordée de fourrure noire, qui ont le plus frappé les imaginations de l’époque et laissé la plus forte marque dans l’histoire, contribuant largement au prestige de leur unité. Quel enfant de mon âge n’a-t-il pas chanté : « Toi qui connais les chasseurs de la Garde / Connais-tu bien le trombone du régiment ? / Quel air vainqueur quand il vous regarde / eh ! Bien ma chère, il était mon amant ».
Quant aux musiciens des mamelouks, leurs uniformes chatoyants, avec leur chechia, leurs chemises colorées et leur pantalons bouffants rouges, ajoutaient une touche d’exotisme oriental aux parades militaires de la Garde impériale.
Il existait par ailleurs dans chaque compagnie quelques instrumentistes – tambours, fifre, cornet ou trompettes selon les armes – chargés de transmettre les ordres à travers différentes sonneries et batteries réglementaires. Ces hommes n’étaient pas contrairement aux précédents, des musiciens professionnels, mais des soldats sortis du rang pour être formés à cette tâche.
Leurs uniformes, plus simples et surtout plus réglementés que ceux des musiciens régimentaires, étaient en général très proches de celui de l’unité à laquelle ils appartenaient, notamment dans les régiments de grenadiers et de fusiliers.
Les cornets de voltigeurs étaient souvent vêtus d’un habit-veste bleu ciel.
Dans la cavalerie, il arrivait souvent que les instrumentistes (notamment les trompettes portent un habit de la couleur des signes distinctifs de leur régiment.
Cet uniforme était souvent rehaussé de festons de couleur clair (blanche, orange…), recouvrant la poitrine et les bras.
Pendant la parade, les musiciens de cuirassiers et de carabiniers ne portaient pas la cuirasse.
La couleur vive de leur habit formait alors un splendide contraste avec les reflets métalliques de l’uniforme de leurs frères d’armes.
Source principale : Funcken, Liliane et Fred, 1968, L’uniforme et les armes des soldats du Premier empire, Tomes 1 et 2, éditions Casterman.
Source secondaire : Pigeard Alain, 2002, L’armée de Napoléon, Organisation et vie quotidienne, Bibliothèque napoléonienne, éditions Tallandier.