Editeur : La Salida n°17
Auteur : Virginia Gift
Le CITA (Congrès international de tango argentin)
Depuis une dizaine d’années, les festivals internationaux de tango se sont multipliés. La nouvelle vogue du tango argentin à partir de 1985 a entraîné une forte demande d’enseignement, permettant à des enseignants et artistes argentins de se produire dans les grandes villes du monde. Des stages régionaux furent organisés aux Etats-Unis et en Europe dont certains se convertirent en grands festival internationaux. Mais personne, avant les fondateurs de Cosmotango, n’avait pensé à faire venir les élèves à Buenos Aires au lieu de déplacer les professeurs à l’étranger.
Cosmotango est une joint-venture créée en 199, dans le but de promouvoir le tango argentin, à travers l’enseignement, la production de vidéos et la création d’un site web. Fabian Salas et Gustavo Naveira l’ont enregistrée en Argentine. Leur partenaire américain, Gotan entreprises, inc, est possédé par Vadim Zhnistskyn, un aficionado » américain de Washington, qui pratique et enseigne le tango en tant que « hobby ».
Diplômé en commerce international, consultant en informatique, Vadim est élève de Fabian Salas, qui le présenta à son ami Gustavo Naveira en 1996 lors de son premier séjour à Buenos Aires. « Nous avions souvent parlé avec Fabian de faire quelque chose autour du tango. Mais rien ne se matérialisa avant que Fabian n’ait eu l’idée d’un congrès de tango à Buenos Aires. Quelques jours après, je commençais à travailler sir la site Web, et 9 mois après, le CITA 99 s’ouvrait au club espagnol. Ce ne fut pas un succès financier – nous avons juste équilibré – mais pour nous la chose importante étant le succès non financier de l’évènement ».
La soirée d’ouverture prit place dans l’élégant club espagnol, avec une réception somptueuse et un spectacle ; 302 participants payants étaient venus de 14 pays ; 153 d’Amérique du nord, 5 d’Europe, 9 du japon, 9 de Nouvelle Zélande et d’Australie, 7 du Brésil et d’Argentine. On trouvait aussi de nombreux élèves argentins de Gustavo Naveira, invités gratuitement aux cours pour équilibrer le nombre d’hommes et de femmes. Parmi les 28 professeurs, on trouvait les plus grands noms du tango, comme Omar Vega, Olga Besio, Osvaldo Zotto et Morena Ermocida, Julio Balmaceda et Corrina, etc. Les étudiants pouvaient assister à six heures de classes par jour (4 cours de 1h30, avec le choix entre 6 professeurs différents) ; pendant les soirées, quatre orchestres, dont le Sexteto Mayor, et le Sexteto Amargue, ont joué en concert ou en bal. Selon Vadim, « Dans les milongas qui suivaient, on trouvait de nombreux argentins qui avaient acheté des tickets ou reçu des invitations ».
Le deuxième CITA aura lieu à Buenos Aires du 12 au 19 mars prochains. Selon Vadim, il incorporera des changements fondés sur les suggestions des participants : nouveaux intervenants, amélioration de la logistiques, co-organisation des bals avec les milongas populaires de Buenos-Aires, embauche de « taxi-dancers » argentins pour assurer un meilleur équilibre hommes-femmes, organisation de pratiques pendant la journée, simplification de grille tarifaire, légère réduction du coût d’inscription. J
‘ai assisté au cita 99 et je pense que le grand show à lui seul justifie le déplacement à Buenos Aires. Il y avait plus de danseurs célèbres rassemblés pendant trois heures sur scène que sans doute jamais auparavant. La beauté de leur danse venait sans doute du fait qu’ils ne jouaient pas pour une théâtre de Broadway ou de Paris mais pour leurs pairs – les meilleurs danseurs de tango du monder et en même temps un public avisé – le résultat a été une ambiance vraiment électrique. Un atout supplémentaire du CITA est, bien sur, la merveilleuse ville de Buenos Aires et les milongas où l’on peut danser tous les jours. Après ce festival d’une semaine, beaucoup de participants ont changé leur billet de retour pour rester quelques jours de plus, danser avec les tangueros locaux et se familiariser avec la culture et la vie argentines. Grâce aux amitiés nouées pendant les classes, la compagnie ne manquait pas pour aller danser ou visiter la ville.
Certains amateurs français, qui étaient alors présents à Buenos Aires, mais n’ont pas participé au festival, ont trouvé que les prix étaient trop élevés. En fait, ils correspondent à ceux pratiqués pour des festivals et stages similaires aux Etats-Unis. Le fait que les salaires américains sont généralement supérieurs aux français, rend ces événements plus accessibles à un danseur américain moyen. Mais si vous en avez la possibilité, allez-y, cela vaut vraiment la peine.
Virginia Gift