Editeur : La Salida, n°40, octobre-novembre 2004
Auteurs : Mariana Bustelo, Fabrice Hatem, Pablo Cazau
Analyse de Linea 9
Pour illustrer la présence du Lunfardo dans les paroles du tango, Pablo Cazau nous propose une brève analyse de la milonga "Linea 9", interprétée par un dévot du Lunfardo, Edmundo Rivero, et dans laquelle Carlos de la Púa, l’auteur des paroles, relate les mésaventures d’un campagnard naïf qui arrive à la grande ville (Buenos Aires) et est victime des punguistas (voleurs à la tire) quand il prend le tram 9 à la gare du Retiro.
Les vers commencent par une description synthétique du campagnard récemment arrivé de l’intérieur comme un individu boncha (verlan de chabón, idiot) et boleado (désorienté, dans la grande ville). Il continue ensuite avec « Nunca vieron esparos ni lanceros, un gil a la acuarela más a tiro ». Le lancero est le voleur, surtout celui qui est très agile de ses doigts, tandis que el esparo est le collaborateur du lancero, qui distrait la victime. Le gil a la acuarela signifie un idiot, et más a tiro, plus disponible, plus à portée de main.
L’expressión « Era polenta el bobo y la marroca " indique qu’aussi bien el bobo (la montre) que la marroca (la chaine de la montre). étaient polenta (un butin appétissant). Le texte décrit ensuite la manière dont El punguista essaye de voler el grilo (le portefeuille, le porte-monnaie) et s’intéresse au chiquilín (le porte-monnaie).
Pendant que el ropae (esparo à l’envers) travaille patiemment, el lancero s’affole et mete la pata, ce qui signifie se trompe.
Les vers se terminent en décrivant el tranvía (bondi) et l’employé (guarda) chargé des billets, qui est décrit comme un individu batidor (prêt à dénoncer les voleurs), avec cara de rope (avec une face méchante ou une face de chien, où rope est perro à l’envers). S’il n’a pas pu se rendre compte de l’action des punguistas, ce fut uniquement par chele (par hasard, ou chele est l’inverse de leche).
Pablo Cazau
Traduction de Fabrice Hatem et Enrique Lataillade
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