Editeur : La Salida n°39, Juin à septembre 2004
Auteur : Philippe Stainvurcel
Discographie
Chers amis, la récolte du mois est riche.
Commençons par Aubade, fabricant de lingerie féminine, qui nous donne des leçons de tango. Après le superbe agenda 2004, voici, sous la même jaquette, une magnifique compilation d’orchestres d’aujourd’hui. Le contenu est aussi appétissant que la dame de couverture. Aubade, leçons de tango, photos : Pedro Lombardi. Milan 301681-3, 2004
Andrée Lapeyre, auteur-compositeur(e), vint au tango avec la voix de Gardel, puis fit un détour par le conservatoire. Dans le milieu « porteño », elle a été adoptée et surnommée « La Morocha ». Ses compositions sont gravement portées par Roberto Alvarez, le fondateur de « Color Tango » et son orchestre. Ces tangos instrumentaux se situent entre Pugliese et le Sexteto Canyengue. Cet album est une incontestable réussite. Amor tango, Instrumental para bailar, La Morocha Andrée Lapeyre, ACH distribution, www.andreelapeyre.com
Les quatre saisons d’Astor Piazzolla sont subtilement interprétées par ses épigones. Le son force la différence et donne largement envie de le réécouter. Les quatre saisons de Buenos-Aires, Astor Piazzolla, arrangements de Egberto Gismonti, Jacques Morelenbaum, Henrique et Beto Cazes, Milan, 301679-1, 1991.
Une brève mais heureuse compilation d’Astor Piazzolla. Bravo pour les 25 années d’existence de Milan. Vuelvo al sur, Astor Piazzolla, Milan 301 684-5 UN: 873, 2004
La scène argentine est d’une richesse formidable. Des musiciens comme Nicolas Ledesma, Carlos Corrales, Ramiro Gallo et Andres Linetzky lui donnent une force extraordinaire. Il vous faut écouter et réecouter « Sueño de tango ». Le printemps en sera embelli. Gran orquesta TangoVia, Buenos Aires, Milan, 2003.
Nos amis de Sam et compagnie distribuent une nouvelle collection qui rassemblent deux orchestres dans des compositions inédites. Nous vous présentons aujourd’hui ceux de Carlos di Sarli et Florindo Sassone dans des interprétations réalisées entre 1942 et 1952. Notre préférence ira souvent vers Di Sarli. L’ensemble fait alterner instrumentaux et tangos chantés. Tango de los 40 volume 5 Di Sarli/Sassone, 2004..
Nous poursuivons notre redécouverte de la collection El bandoneon avec les albums qui offrent une bonne alternance de valse, tango et milonga pour danser, entre autres. Ce mois-ci nous parlerons de Pedro Laurenz, le créateur de la Milonga de mis amores. Ce compositeur qui vécu de 1907 à 1972 est un des plus grands par la riche variété de ses compositions et de ses propres interprétations. Rappelons pour mémoire que des pièces comme Orgullo criollo, Como dos extranos, De puro guapo et j’en passe, sont toujours reprises par les orchestres d’aujourd’hui. Nous écouterons le merveilleux chanteur qu’était Alberto Podesta, ainsi que Juan Carlos Casas, Carlos Bermudez et Jorge Linares. Les interprétations regroupées dans cet album sont certainement au sommet de l’art de Laurenz. Milonga de mis amores, Pedro Laurenz con su Orquesta Típica, EBCD 82 (année 1996).
Enfin le disque du mois est incontestablement le premier album de l’Orquesta Típica Fernandez Fierro. Ils sont onze jeunes musiciens argentins. Loin du courant électronique dominant à l’heure actuelle, malgré un « look » assez déjanté sur les photos avec ce piano qui tombe d’une passerelle, ils sont les dignes enfants du Maestro Osvaldo Pugliese. J’y retrouve l’incroyable énergie contenue qui animait les interprétations du Maestro lorsque la tension musicale montait à son paroxysme. Ces jeunes musiciens ont un caractère bien affirmé, ils alternent dans une forte unité leurs compositions et la reprise de classiques tels que Che, bandoneon ou Si sos brujo d’Emilio Balcarce. Que les tangos soient chantés ou pas. Une seule impatience à présent : les entendre en concert. Destruccion massiva, Orquesta Típica Fernandez Fierro, www.fernandezfierro.com, année 2004.
Philippe Stainvurcel