Editeur : La Salida n°33, avril-mai 2003
Auteur : Francine Piget
La France, une actualité artistique trépidante
Les premiers mois de l’année 2003 ont été marqués en France par une extraordinaire floraison de spectacles de tango, souvent très innovants, qui en disent long sur la vitalité de cette culture dans notre pays. Nous vous livrons ici quelques points de repères sur les spectacles passés et à venir de ce premier semestre.
Déjà présenté dans d’autres pays comme l’Uruguay, la Suisse, le Japon etc., Tango Metropolis est enfin produit en France, avec une tournée dans plus de vingt villes, du 7 mars au 23 avril. La choréographie, réalisée par Claudio Hoffman, Pilar et Marijo Alvarez, mêle danse contemporaine et tango. Elle a été conçue en symbiose avec la composition musicale de Daniel Binelli, qui dirige également l’orchestre. Le parti pris consiste à replacer le tango dans la réalité urbaine, en faisant alterner scènes contemporaines et retour vers le passé. Les agressions de vieilles dames, les ballets de marteaux-piqueurs ou d’hommes d’affaires munis de leur téléphone portable symbolisent ainsi l’agitation et le stress de la ville moderne, tandis que les courses de chevaux (sans chevaux), les scènes de bas-fonds un peu glauques et l’utilisation des tambours de candombé nous replongent dans l’atmosphère du Buenos Aires d’hier. Une mise en scène très originale, à la fois audacieuse et pleine d’humour. Bref, un spectacle à ne pas manquer !
L’operita » Maria de Buenos Aires » (musique de Astor Piazzolla, livret de Horacio Ferrer), présenté au théâtre de Caen les 13, 15 et 16 mars a semblé un moment être poursuivi par la » mala suerte » : la danseuse Ana Maria Stekelman et la chanteuse Cecilia Rossetto qui, l’une après l’autre, se cassent le pied ; une manifestation des intermittents du spectacle retardant d’une heure et demi le début de la » générale « . .. Mais le résultat est un vrai bonheur, à la hauteur des talents réunis pour la réaliser : chorégraphie d‘Ana Maria Stelkelman, mise en scène d’Alfredo Arias, Orchestre de Caen et trio Mosalini sous la direction de Dominique Debart. Mention spéciale à Sandra Rumolini qui a accepté le rôle de Maria trois jours avant la première et nous offre une remarquable performance de chanteuse et de comédienne, et au danseur Jorge Rodriguez, éblouissant dans le rôle de El Duende. Le théâtre de Caen a fait salle comble à chaque représentation et c’est bien mérité.
Suzanna Rinaldi, de retour en France a donné le 14 mars dernier un spectacle exceptionnel au théâtre d’Aix-en-Provence. Les chansons interprétées par l’artiste y étaient présentées comme autant d’illustrations de ses réflexions personnelles sur les problèmes de l’Argentine contemporaine et sur le rôle du tango dans la culture de ce pays.
Le duo pour deux pianos » Fugatango « , associant Gerard le Cam et Osvaldo Calo, a donné le 14 et 15 mars dernier à Nantes un concert très original, associant tango et formes musicales baroques.
Le nouveau spectacle de Camila Saraceni, « Charbons ardents « , continue sa tournée en France après sa création à Mulhouse en décembre. Il associe la poésie contemporaine, le tango dansé et la musique métissée tango-tzigane de Gérard le Cam. Après La Rochelle début mars, le spectacle se produira à Suresnes le 16 mai prochain. Avec Gérard le Cam et l’orchestre Darsena sur, Sandra Rumolino (chant) et les danseurs Chicho et Lucia, Yannick Juarez, Sylvie Cavé, Gilles Nicolas.
Après le succès de l’an dernier, l’équipe de » Paris-Buenos Aires Tango » récidive pour permettre à notre capitale de vivre une nouvelle fois au rythme du tango, dans le bel écrin du Théâtre National de Chaillot, du 13 au 29 juin prochains. Cette année, l’accent sera mis sur la chorégraphie et nous aurons le plaisir de voir évoluer de grands danseurs tels que : Miguel Zotto, » Puppy » Castellano, Pablo Veron, Silvana Grill, Susana Rojo, Noël Strazza, Luis Tarantino, Soledad Rivero, Gabriel Ponce, etc.. Nous pourrons aussi applaudir les orchestres de Juan José Mosalini, le trio Agri-Zarate-Falasca, l’Orquesta Tangovia Buenos Aires, Loriquet Vale Tango, le Quintet Ramiro Gallo. De bien belles soirées en perspective !
L’agenda de la Salida (avril ou juin selon les cas) vous permettra d’en savoir plus sur les dates et les lieux exacts de ces différents spectacles. Nous vous proposons également dans ce numéro une série d’interviews avec quelques-uns des protagonistes de ces manifestations artistiques, dont beaucoup ont choisi de vivre et de créer en France. Plus que jamais, le dicton portègne, selon lequel « Buenos Aires est l’épouse et Paris la maîtresse « , semble d’actualité.
Francine Piget