Editeur : La Salida n°29, juin-septembre 2002
Auteurs : Betty Jorge et Roberto Romanelli
Le tango à La Havane
C’est dans le très beau quartier de La Habana Vieja (aujourd’hui patrimoine de L’UNESCO) que nous sommes allés, dès le premier jour de notre séjour à Cuba, à la recherche del Caserón del Tango, dont nous avions entendu parler … en bien.
En effet au Caserón del Tango, on se sent très vite chez soi. Un chez soi chaleureux et beau, comme ces nombreuses bâtisses coloniales et ces nombreux « intérieurs -extérieurs » dont l’architecture et la végétation ne peuvent qu’enchanter tout oeil sensible à la beauté.
On entre dans El Caserón del Tango par un hall dont les arcades nous amènent à cette paisible et magnifique cour intérieure, là où ont lieu les spectacles. Car le samedi soir on peut venir y voir et écouter de grandes voix du tango.
José Luis, chanteur et comédien, nous offre toute sa présence et son talent. Et que dire de son interprétation poignante de Balada para un loco ! Kéti, qui aime s’adresser au public, nous fait entrer dans son jeu, et chante avec autant de chaleur et de vivacité. Elle sait si bien interpréter El Ultimo Tango avec la gravité qui s’y prête tout en y ajoutant à certains moments un zeste de dérision. Siomara, moins extravertie mais pas moins présente, vient ajouter sa touche personnelle à cette palette d’artistes. Quant à Emilio, aussi président de l’association del Caserón del Tango, c’est avec émotion qu’il nous a interprété Cuartito azul, chanson qui lui tient tant à coeur. Ce fut un moment précieux, pour lui, et pour nous.
Dans un lieu aussi porteur, quoi de plus naturel que d’avoir envie de danser. Les ingrédients magiques sont là, et nous dansons. Si nos amis cubains sont admiratifs devant les prouesses techniques du tango, ils n’en sont pas moins sensibles à l’émotion qui doit s’en dégager, car pour eux (et nous partageons le même sentiment)le tango se vit, de l’intérieur, avant tout.
Certes, le tango dansé n’est pas aussi développé qu’en Europe : cours se paient en dollars et que très peu de cubains peuvent y avoir accès. Mais manque de moyens ne signifie pas manque de culture. En effet beaucoup d’entre eux (et pas seulement à La Havane) connaissent le tango argentin. Nous avons dansé dans beaucoup d’endroits différents, notamment la Milonga Candombé (Tango Negro de J.C.Caceres…) et ils se sont sentis proches de ces danses. Après tout, le tango n’a t-il pas de lointaines origines cubaines; rappelons l’influence de la Habanera.
Nous avons constaté que, comme en Europe actuellement, le tango argentin séduit surtout un groupe restreint de la population (médecins, artistes…) qui s’intéresse à une certaine forme de recherche.
Le tango est assurément nomade et peut arriver là où parfois on ne l’attend pas. On ne s’étonnera donc pas qu’il soit si bien accueilli à Cuba, terre de métissage à forte influence africaine et latine.
Betty Jorge et Roberto Romanelli
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