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Attractivité et politiques

Attirer les compétences : pourquoi ? Comment ? (janv. 2005)

Editeur : le nouvel économiste, 23 janvier 2005

Auteur : Fabrice Hatem

Attirer les compétences : pourquoi ? Comment ?

nouvelecocom Après les usines, après les investissements financiers, voici que les compétences deviennent à leur tour « internationalement mobiles » : étudiants désireux d’acquérir les diplômes les plus reconnus, chercheurs rejoignant les pôles scientifiques les plus prestigieux, entrepreneurs à la recherche d’un environnement professionnel de qualité… De 700 000 en 1980, le nombre d’étudiants à l’étranger est ainsi passé, selon l’OCDE, à 1,5 millions en 2001, et pourrait atteindre 4 à 5 millions dans 10 ans selon les projections du groupe « Saraswati » du Commissariat au plan.

La capacité à attirer – et à retenir – ces populations à fort potentiel devient un enjeu crucial pour des pays comme la France, qui parient sur l’excellence technologique comme moteur de développement. D’autant que les ressources locales risquent de devenir insuffisantes : population de chercheurs vieillissante, baisse du nombre d’étudiants inscrits dans les filières scientifiques et technologiques… Un problème partagé par tous les grands pays de l’OCDE, qui deviennent de ce fait autant de concurrents pour l’accueil des populations qualifiées. Et avec des moyens et des atouts souvent très supérieurs aux nôtres.

Certes, la France attire. En 1999, elle se situait même au 4ème rang des pays de l’OCDE pour l’accueil des étudiants étrangers, avec 10 % du total de la zone. Ceux-ci représentaient environ 13 % des effectifs des universités françaises en 2002, tandis que 6000 chercheurs étranger, soit 6 % du total, travaillaient dans nos établissements publics de recherche. Mais si la qualité de la vie et le faible coût des études constituent de réels facteurs d’attraction, qu’en est-il de la réputation internationale des formations et des centres de recherche ?

Les conclusions du colloque de l’AVRIST[1], tenu à Paris les 14 et 15 décembre dernier, sont à cet égard peu rassurantes. La visibilité internationale de notre système d’enseignement supérieur, éclaté entre grandes écoles et universités, est faible. La première université française, Paris VI, n’arrive qu’au 43ème rang mondial selon le classement dit « de Shangai » qui mesure la réputation scientifique des établissements d’enseignement. La politique de promotion internationale de l’offre pédagogique française est longtemps restée embryonnaire en comparaison de celle des universités britanniques, allemandes ou australiennes, sans même parler des américaines : procédures d’inscription lourdes et non coordonnés, atomisation de l’offre, manque de réactivité et de moyens pour attirer les bons éléments…. Résultat : les meilleurs étudiants vont travailler ailleurs, et ceux que nous accueillons, faute de sélection et de moyens financiers suffisants, ne tirent pas forcément nos établissements vers le haut.

La prise de conscience de l’enjeu a cependant conduit à une multiplication récente des initiatives : au niveau national, action de l’agence Edufrance pour coordonner l’offre pédagogique française, dans le cadre de la nouvelle politique d’accueil mise en œuvre depuis 1998 ; regroupement de 60 écoles françaises d’ingénieurs au sein de réseau n+1 pour offrir à des étudiants étrangers une formation diplômante à vocation internationale sur deux ans ; ensemble de mesures annoncées en décembre 2003 dans le cadre du plan français pour l’attractivité, comme l’augmentation du nombre de bourses d’étude, la mise en place d’un programme d’accueil de chercheurs de haut niveau, l’aide au retour des post-doctorants….

Au niveau local, l’évolution est également frappante. En Ile de France, le BACE coordonne désormais l’accueil des chercheurs étrangers dans tous les domaines matériels : formalités administratives, logement, insertion culturelle et sociale. Dans le Sud de la France, l’agence Provence promotion a mis en place un programme, dit « Home Sweet Home », destiné à favoriser le retour de chercheurs et entrepreneurs français de haut niveau, installés notamment aux Etats-Unis : 20 start up auraient ainsi été créées au cours des 18 derniers mois. Des initiatives encore isolées, mais qui semble-t-il, sont en train de faire tâche d’huile.

Mais cela suffira-t-il face à des concurrents qui semblent avoir toujours une longueur d’avance dans le développement de nouvelles formes d’offre ? Un exemple : la mise en place de vastes programmes de formation d’étudiants à l’étranger par les américains ou les australiens. L’université américaine privée Sylvan International Universities est déjà présente dans 115 pays. 20 % des étudiants étrangers formés par les universités australiennes le sont à l’étranger. C’est ce l’on appelle la « mobilité institutionnelle ». Des formes nouvelles d’accueil « délocalisées » qui changent la donne de la compétition entre systèmes éducatifs…

Fabrice Hatem

Pour des analyses plus complètes sur le thème de l’attractivité : /2004-12-06/these-de-doctorat-construction-d-un-observatoire-des-investissements-internationaux-2003/

Pour des analyses plus complètes sur le thème de l’investissement international en Europe :/2006/07/13/rapport-sur-l-investissement-international-en-europe-2002-2005-edition-2006/

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[1] Association pour la valorisation des relations internationales, scientifiques et techniques.

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