Editeur : Ecole de management de Normandie, Working papers (février 2005). Paru dans l’ouvrage du SESSI sur la mondialisation des groupes français, novembre 2005.
Auteur : Fabrice Hatem[1]
Attractivité du territoire : Théorie et pratique, aller-retour
La question de l’attractivité a suscité depuis quelques années un intérêt croissant, aussi bien dans le monde des chercheurs en économie qu’au sein des agences de développement territoriales. Mais ces deux catégories de travaux – théoriques et pratiques – se sont développées sans interactions fortes et dans un climat de relative ignorance mutuelle. D’où une fracture dans la littérature existante, opposant, d’une part des travaux universitaires sans applications pratiques directes, et d’autre part, des publications et/ou des pratiques empiriques aux fondements méthodologiques parfois incertains.
L’ambition de cet article est d’établir des ponts entre ces différents corpus, ou plus simplement de montrer en quoi les recherches des académiques et les travaux appliqués des agences de promotions[2] peuvent se féconder mutuellement pour fonder une approche à la fois intellectuellement solide et concrètement opérationnelle de l’attractivité.
La matière brute de départ est la suivante[3] : 1a) un ensemble de travaux académiques, allant de la théorie pure à des études économétriques, et visant à identifier scientifiquement les critères et les processus de localisation des firmes, ainsi que les mécanismes permettant d’expliquer la plus ou moins grande capacité d’un territoire donné à attirer leurs activités : 1b) des publications à caractère statistique, élaborées par des organismes publics (banques centrales, instituts statistiques) et permettant de mesurer les flux d’investissement, le niveau de la présence étrangère dans un territoire donné, ou encore la valeur (comparée) de telle ou telle donnée pouvant constituer un facteur d’attractivité ; 2a) les publications de consultants privés portant souvent sur les outils de marketing territorial[4] et sur l’évaluation concrète de l’attractivité d’un territoire donné (à partir notamment d’enquêtes d’opinion auprès des firmes et de bases de données comparatives sur les coûts ou les projets) ; 2b) les pratiques des agences de promotion territoriale, donnant ou non lieu à publications, et s’organisant autour des métiers suivants : la construction d’image, la recherche de projets, les services aux investisseurs, l’after-care et le conseil aux autorités politiques[5].
Ces différentes sources provenant, comme nous l’avons dit, de deux groupes d’acteurs aux interactions faibles, elles présentent peu de congruences naturelles, et il serait vain de tenter de masquer ce manque d’articulation en prétendant, par exemple, faire dériver directement chacun des domaines d’action des agences d’un certain type d’approche théorique ou simplement méthodologique. Il paraît par contre plus intéressant de tenter, dans une première partie, de recenser les différents « visions » ou « définitions » de l’attractivité telles qu’elles ressortent de l’examen des différentes sources existantes (théoriques ou appliquées), pour essayer ensuite, dans une seconde partie, de déterminer en quoi ces différentes approches peuvent être (ou non) articulées entre elles de manière à fournir aux agences de promotion un cadre méthodologique cohérent et susceptible d’éclairer efficacement leurs pratiques de terrain.
Fabrice Hatem
[1] Professeur associé (EMN), conseiller économique et chef du centre d’analyse des investissements internationaux (AFII)
[2] Pour une description du monde des agences de promotion, voir, entre autres (Hatem, 2004a).
[3] Nous réduirons dans cet article les références bibliographiques au minimum, pour des raisons de lisibilité. Pour des revues de littérature plus exhaustives, on pourra se référer à la bibliographie de mon récent ouvrage « Investissement international et politiques d’attractivité (Hatem, 2004c), ainsi qu’aux travaux récents de Coere et Rabaud (2003), Mourriaux (2004) , et ceux, plus anciens, de Lagnel (1998).
[4] Entendons par là « visant à identifier et mettre en valeur les atouts du territoire auprès d’un groupe d’investisseurs susceptibles d’y réaliser des projets de manière à capter une proportion forte de ces projets ».
[5] Voir Morisset, 2003, pour une présentation critique des différentes fonctions des agences de promotion.
Pour consulter une version de travail de cet article, cliquer sur le lien suivant : attractivitear (PDF)
Pour des analyses plus complètes sur le thème de l’attractivité : /2004-12-06/these-de-doctorat-construction-d-un-observatoire-des-investissements-internationaux-2003/
Pour des analyses plus complètes sur le thème de l’investissement international en Europe : /2006/07/13/rapport-sur-l-investissement-international-en-europe-2002-2005-edition-2006/